Fabien Onteniente suprend et signe la relève des Bronzés

5 millions de spectateurs pour Camping 1, approximativement 4millions pour le deuxième, une suite était plus qu’envisageable. Camping c’est en quelque sorte un cousin germain des Bronzés. La recette est la même : plusieurs familles se retrouvent chaque été dans leur camping fétiche. Sortait du lot un personnage devenu aussi culte qu’un certain Jean-Claude Duss : Patrick Chirac, quadragénaire playboy encore jeune dans sa tête, beauf au slip bleu moulant, dragueur invétéré très à cheval sur les règles dans le camping. Six ans après Camping 2, Franck Dubosc et sa bande de copain reviennent au cinéma pour le plus grand plaisir des amateurs de comédies populaire.


Ne soyez pas en retard pour ce troisième apéro !


La sortie d’un Camping au cinéma, c’est comme retrouver une bande de copains que l’on n’avait pas vu depuis longtemps. La nostalgie est là, tout comme la mélancolie ressentie au moment de les quitter de nouveau en fin de film. On dira ce qu’on voudra : oh encore une suite, c’est pour les beaufs, ça va 5minutes les « on n’attend pas Patrick ? », il n’empêche que Camping fait parti de ses rares comédies françaises qui ne se reposent jamais sur ses succès. Contrairement à d’autres comédies à suites ou non, ce troisième opus ne tombe pas dans le ridicule. Rappelez-vous le pétard mouillé qu’avait été Les bronzés 3 ? Bien sûr que du coté scénario, on sera bien loin d’un Claude Chabrol ou Jean-Luc Godard mais en même temps, rappelez vous justement des Bronzés ? Le but d’une comédie est de nous faire rire à coup de gags, situations loufoques et répliques délirantes, le tout servi par une galerie de personnages attachants et interprétés par des acteurs qui ne surjouent pas. Camping incarne justement tout ça avec une bonne dose de fraicheur et de sincérité trop peu représentée par le cinéma français ces derniers temps. Stop aux préjugés, toutes les comédies françaises ne sont pas lourdingues comme celles avec Kev Adams où Babysitting 2 avec la bande de Philippe Lacheau (preuve que certains se reposent sur leur succès).



« Patrick Chirac c’est pas Pierre et vacances ».



La détente avant tout


Une chanson de Maitre Gims en tant qu’accompagnement à l’introduction de notre film ? Oui, ça fait peur, oui, ça donne envie de quitter la salle sans laisser une seule chance au film. Nous dirons donc : seule et unique erreur de parcours qu’on aura du mal à pardonné mais qui heureusement, sera la seule bourde commise par l’équipe du film. Hormis Mathilde Seigner, tous les acteurs ont répondus présent dans ce troisième épisode. Au programme : conflit de générations(point principal de notre film), crise identitaire, tracas romantiques, crise de la cinquantaine, sexualité, handicap, solitude, peur de la vieillesse, crise économique (à très faible dose), c’est qu’en plus de nous faire rire aux éclats, Camping 3 nous ferait verser quelques larmes. NE VOUS FIEZ PAS A LA BANDE ANNONCE NE REFLETANT PAS L’AMBIANCE SINCERE DU FILM.


Camping 3 maintient son coté authentique et sincère et nous offre une suite encore plus savoureuse que les deux premiers opus. L’humour joue sur le coté beauf et prétentieux du personnage de Patrick Chirac (le coup de Patrick qui garde les écorces des fromages Babybel pour en faire des bougies, fallait trouver), ainsi que sur les situations dans lesquelles vivent beaucoup de personnes en passant les vacances dans un camping ( le siège test pour éliminer les futures prétendantes, la patate à miel qui devient un piège à mouche, la tong perdue emportée par la pluie, la règle d’or du rouleau de papier toilettes). Humour absurde qui ne sera jamais méchant, malsain à l’égard de qui ou quoi que ce soit. Ce ne seront pas les propos racistes (propos qui ont stupidement faits le buzz lors de l’avant première) qui feront rire mais le ridicule de la situation (le coup de Paulo qui croit qu’il est homosexuel amènera à des scènes d’anthologie) .


Certaines personnes pourraient aussi prendre mal le fait que le personnage de Patrick soit méfiant à l’égard du personnage de Robert qui est noir. On pourrait nous laisser penser qu’avec ces éléments, le film franchit la barre du politiquement incorrect. Ce ne sera pas le cas pour la simple et bonne raison que l’on sait que ça vient d’un personnage qui n’a aucune once de méchanceté, n’est ni raciste, ni discriminatoire à l’égard des handicapés, ni homophobe. Les répliques seraient sorties de la bouche d’un inconnu, le spectateur l’aurait cette fois mal perçu mais là il connait le personnage.



"Patrick, t'as pas du dentifrice ?" - "Prends-en sur le rebord du
lavabo, il en reste un peu."



Déjanté, sincère et attachant


Dans cette suite, on évitera, comme bon nombre de suite, le repêchage de gags et répliques même si 2 voir 3 répliques comme « On n’attend pas Patrick » ou bien les répliques sur le Pastis, échapperont de nouveau à nos personnages. Il faut bien que le spectateur retrouve ses marques. Camping 3 marque l’arrivée de deux acteurs que vous connaissez bien : Gerard Jugnot (dont le personnage lorgnera sur celui de Bernard Morin dans les Bronzés) et Michèle Laroque, qui camperont le rôle des parents de Morgane (jeune fille dont Benji tombera amoureux) ne tiendront pas une place très importante dans notre film mais pour le peu que nous les verrons, l’humour sera bien là dont une scène qui devrait devenir culte. Jugnot et Laroque ne seront pas les seuls nouveaux venus dans cette franchise. Après Gérard Lanvin et Richard Anconina, ce n’est pas moins de trois acteurs qui cohabiteront avec Patrick. Trois jeunes garçons en galère de logement, Benji, Robert et José font irruption dans la vie routinière du campeur qui a ses petites manies. Conflit de génération en vu nous permettant d’avoir des séquences à la fois potaches mais aussi tendres. Une complicité sincère s’installe entre les 4 personnages, c’est adorable. Trois jeunes garçons qui, pour la première fois, échapperont à la caricature.



« Avoir des millions d'amis sur Facebook, c'est comme avoir des
millions au Monopoly, c'est du vent ».



Il était une fois un futur grand acteur…


Coté Franck Dubosc, il y a beaucoup à dire. Oui certains ne l’aiment pas mais pourtant, l’humoriste, contrairement à d’autres, a évolué du coté de son jeu d’acteur. Au début débutant lorsqu’il obtient son premier rôle principal dans Camping premier du nom, l’acteur jouait l’autodérision, comme dans ses sketchs. Dans Camping 3, il a compris qu’il n’avait pas besoin de faire le clown pour qu’on le remarque. Dubosc gagnera en sensibilité. On le connait, le coté prétentieux et dragueur n’est qu’une façade qui cache un homme beaucoup plus sensible, bienveillant et humble qu’il n’y parait. Et c’est justement cette image là qu’il dégagera dans ce film. On appréciera l’évolution de son personnage de Patrick Chirac. Tout l’attirail du beauf, il l’a toujours : la voiture, les gouts musicaux démodés (grand fan de Demis Roussos et Elton John), son comportement avec les femmes, le look de playboy jeunot avec une petite teinture blonde afin de ne pas montrer qu’il a vieillit, un personnage un peu pathétique.


Et pourtant, Patrick est pathétique mais lucide, ne drague plus les jeunes filles, continue de souffrir de l’absence de sa fille, et se permettra de jouer les pères moralisateurs en hébergeant sous sa tente trois jeunes garçons provenant de la génération dite « girouette ». L’image du père protecteur, père joueur, père confident, père remplit de sagesse, père idéal, Dubosc l’incarne à merveille. De plus, Patrick se rendra compte qu’il n’a plus 30 ans, qu’il en a 50, qu’il a vieillit, comme tout le monde et qu’il doit vivre avec. Ce ne sera pas le seul personnage dont le réalisateur jouera avec l’âge. Jacky et ses problèmes de mémoire par exemple. Sujet triste mais pourtant, on rigolera de certains situations mettant le personnage directement en scène. A noter l’apparition de quelques charmantes guests stars : Bernard Montiel (là sur le coup, sans commentaires), Philippe Lellouche en nouveau boss du camping, Cristiana Reali en campeuse à la jambe de bois qui a bien du mal à vous apporter un verre d’eau sans tout renverser.


Au final, Fabien Onteniente fourmille de bonnes idées, nous surprend et signe un Camping 3 magistral. C’est frais, c’est hilarant, les répliques cultes pleuvent à foison, le jeu d’acteurs est sincère, les personnages sont attachants, les musiques réussies et dans l’ambiance très vacances. On retrouve avec grand plaisir nos personnages cultes, on constate le fait que Dubosc n’en fasse pas des tonnes et on appréciera aussi l’arrivée des nouveaux venus aussi attachants que les autres. Onteniente se renouvelle en confrontant ses personnages à la nouvelle génération, tout en les faisant évoluer eux et leur environnement. Comédie familiale divertissante et émouvante qui égayera votre semaine avant l’arrivée des vacances d’été. Pour une fois, ça mérite d’être vu, vous ne le regretterez pas.

Jay77
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le 29 juin 2016

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