Gardez les lèvres closes et ne prononcez pas son nom

Il vit dans les miroirs et en sort quand vous l’appelez cinq fois, son passé est des plus tragique, il a un crochet à la place de la main droite, il a une mine torturée et tristounette, il raffole des tueries, mieux vaut éviter d’enfoncer ces ongles dans sa chair. Tenez vous bien, sous la direction de Bill Condon, Candyman revient une seconde fois, plus en forme que jamais, la bouche infestée d’abeilles. Vous devriez croire en ses sottises…

Venez dans son univers

Dites au revoir aux quartiers pauvres de Chicago, ville où avait lieu l’intrigue de Candyman premier du nom. Bienvenue à la Nouvelle Orléans, où l’on se prépare à fêter Mardi gras. Tout le monde s’y met, même Kingfish, animateur de la radio locale. Dans ce deuxième opus, Helen a laissée place à Annie, jeune institutrice dont le père a récemment été assassiné. On ne va pas y aller par quatre chemins, notre héroïne a une vie pourrie. Entre le meurtre de son père, son frère accusé de meurtre à cause de Candyman, sa mère sur le point de mourir d’un cancer et parlant de sa propre mort à chaque conversation, la mort de son fiancé tué sous ses yeux, puis Candyman qui l’a harcèle, elle a toutes les cartes en main pour finir elle aussi à l’asile psychiatrique.

Trois ans après Candyman, une suite voyait le jour. Candyman, symbole de la révolte de tous les noirs, opprimés. Prisonnier de son enveloppe repoussante (entre le crochet enfoncé salement dans le moignon de son bras même pas cicatrisé et son corps infesté d'abeilles, on ne s'en étonnera pas), notre sorte de fantôme pour qui la mort n'est pas une fin mais un commencement faisait son grand retour.

Comme à chaque fois, les fans du premier opus se sentent à la fois excités et inquiets pour la simple et bonne raison qu’une fois sur trois, la suite copie soit bêtement le premier, soit elle zappe tout ce qui faisait son charme. On a bien vu ce qu'avait donné le chapitre 2 de Freddy. Candyman 2 allait-il salir l’âme du premier épisode ? Vous pouvez d’ores et déjà souffler, cette suite fait honneur au premier film.

Regardez autour de vous. La plupart des gens qui vivent dans cette
paroisse ont perdu tout espoir. Alors ils se tournent vers de fausses
idoles. Et je n’ai pas l’intention que cela arrive à mon fils.

Exploration des origines de Candyman dont on apprendra enfin le nom, cette suite évite le piège de la copie bête de son original. On lui reprochera le fait d’avoir oublié le coté poétique du premier film et surtout de nous souler en usant de son thème musical principal accompagné de chœur. Pourtant, malgré ces deux défauts bien visibles, elle n’en restera pas moins une bonne suite grâce à un Tony Todd plus présent et une Kelly Roman (Annie) attachante et pas si mauvaise que ça. D’où vient Candyman ? Qui était-il avant de devenir un boogeyman ? Vous avez eu un bref aperçu de ces origines dans le film précédent. Dans celui-ci, nous irons plus en profondeur. Et là, surprise de taille.

Pour la première fois dans un film d’horreur mettant en scène un croquemitaine, et malgré les atrocités commises, nous éprouverons un sentiment de culpabilité, une profonde tristesse envers ce personnage et la raison pour laquelle il est devenu ce qu’il est. L'ambiance des années d'esclavage est bien rendue à l'écran lors des scènes de flashback. Les tortures et meurtre de notre futur Candyman prendra aux tripes.

De cette séquence réussie, on ne peut s'empêcher de faire le rapprochement avec la dure réalité. Combien d'histoires de ce genre ont dû arriver il y a de cela quelques années? Puis il y a l’arrivée de ce nouveau concept, bousculant la franchise en décidant de faire d’Annie, notre héroïne, un personnage important ayant visiblement un lien avec notre antagoniste. Candyman 2 pourrait-il être une sorte de version modernisée de La Belle et la Bête ?! De par cette idée, Candyman 2 captive.

Je n’ai pas toujours été comme ça. Vois ce qu’ils ont fait de moi.

Au final, moins choquant, moins gore, moins malsain, plus dramatique, plus fantastique et spirituel, notre franchise gagne en profondeur tout en changeant un poil son ambiance. Peu d’élus peuvent se vanter d’oser prendre des risques comme celui-ci, Candyman 2 lui a osé et il a réussit. Certes, la magie du premier opus n’est plus de par l’absence de poésie et de jeux d’angles de vue, cette suite mérite néanmoins d’être vue par celles et ceux qui ont aimé le premier.