L'histoire, la genèse et toute la mythologie qui entoure le film est telle qu'il faudrait lui consacré un dossier pour en faire le tour. Ce qu'on peut dire de manière rapide est qu'il fut l'un des premiers films a être prit pour un snuff movies. Il fut aussi le film qui lança la mode du docu réalité/fiction dont bon nombres de films s'inspireront par la suite.

L'histoire est simple : on a retrouvé les bobines d'un film qu'une équipe de tournage à réalisé en partant à la recherche de tribu cannibale. Bien sur tout l'équipe est morte. Tout au long du film, on nous montre les fameuses bobines et ce qu'elles comportent, ainsi qu'un homme qui les visionnes pour le compte d'un producteur télé qui sent que ce documentaire peut faire un tabac.

L'idée de génie de Deodato fut donc de concevoir son film comme un faux documentaire, afin de non seulement nous mettre face à cette « horrible » réalité, mais également de nous y plonger. Le spectateur devant voyer et donc prenant part de manière quasi intégrale à tout ce qui se passe à l'écran.

Mais cette façon de tourner, permet aussi de servir son autre propos du film : la véracité de l'image. Au final ce qu'on croit vrai n'est qu'un tissu de mensonge. Des humains commettant les pires crimes pour les mettre sur le dos de ces cannibales.

Chaque visionnage de cannibal holocaust est éprouvant. On est frappé par la force des images et le message que le film veut faire passer.

Car oui, la violence dans ce film n'est pas gratuite. Dans un premier temps, le réalisateur démontre que les cannibales ne sont que des êtres humains comme les autres, leurs pratiques n'étant finalement qu'une coutume sociale et locale. Dans un second temps, il montre que l'être humain, qui se considère comme un être civilisé, peut devenir pire que les cannibales. Que ce soit par plaisir, méchanceté, sensationnalisme ou cupidité.

Le film a longtemps été perçu comme un snuff movies. Le fait est que si personne ne meurt réellement, tout les animaux du films sont bel et bien massacré. Cela choque oui, mais c'est dans la nature humaine et de ces peuples de tuer des animaux pour se mourir. Fallait-il le montrer dans un film? C'est un débat qui mérite d'être posé. Je ne prendrais pas position, mais il faut reconnaître que cela rajoute un réalisme au scène et donc à l'ensemble du film.
Les scènes sont dures, violentes, et terriblement réalistes... Le malaise s'installe et la musique y joue un grand rôle. Elle accentue chaque image et rend cela encore plus horrible. A tel point que certaine scène sont insoutenable.

Comme vu plus haut, le film aborde une réflexion sur l'homme et sa nature. Lors de ce voyage les personnages sont éloignés de toute civilisation et retombent progressivement dans un état primitif pire que celui des cannibales, comme si la civilisation avait détruit, pourri, et perverti leur instinct les plus primaires. Les journalistes deviennent des êtres horribles qui tombent dans les plus bas instincts de l'être humain . Tout ça rend le film plus complexe qu'il n'y parait et donne une profondeur d'analyse rarement égalé pour un film de cannibale.

Avec le thème de la dénonciation de la télé poubelle et des dérives capitalistes et l'attrait du sensationnalisme pour capté le spectateur, le film reste furieusement contemporain et malgré qu'il soit tourné dans les années 80, son propos est toujours d'actualité. Visionnaire? sûrement. Les spectateurs du documentaire resteront jusqu'au bout, regarderont le film jusqu'à la fin. comme nous devant une émission de télé réalité espérant chaque fois l'évènement dramatique qui nous captivera. Cela nous montre à quel point eux aussi sont finalement dépourvus d'humanité. On a perdu toute émotion, les images qu'on voit tout le temps nous ont anesthésié de l'horreur. On est comme l'équipe de tournage que des voyeurs avide de sensation forte et qui au final en redemande. Nous ne somme que des monstres, nous ne sommes que l'homme lui-même, capable du pire comme du meilleur.

Cannibal holocasute est un film coup de poing, d'une rage rare et qui fait réfléchir. Une oeuvre visionnaire. Un grand film. Un chef-d'oeuvre.
deephurt
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le 10 oct. 2010

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