Découvert lors d'une rediffusion ciné il y a 10 ans et première réaction de l'amateur un peu à côté de la plaque : quel enculé ce Bruno Mattei ! Je ne m'étais pas rendu compte à quel point il avait pillé Cannibal Holocaust : 75% du film est réparti entre Cannibal World et Land of Death, dans les plus infimes détails.
Sinon, le film en lui-même est vraiment bien je trouve. Deodato sait filmer et instille une ambiance poisseuse crédible. De nombreuses séquences sont très réussies (la jungle est superbe, et le peuple de l'arbre a de la gueule quand même) et la musique est excellente, participant pleinement à l'immersion sensorielle. Je suis vraiment de ceux qui trouvent que le message sous-jacent n'est pas dénué de sens, encore aujourd'hui, et qu'il est somme toute bien traité : la mise en abime est particulièrement bien réalisée, surtout quand les spectateurs quittent la salle sans dire un mot).
Par contre, il est clair que Deodato tombe en partie dans le travers du voyeurisme et du racolage qu'il dénonce, ne parvenant pas à réellement s'extraire du cinéma d'exploitation. Si les 2 séquences de snuff animalier demeurent fort discutables, les stock-shots d'exécution en Afrique sont clairement de trop. Dans un autre registre, les FX ont un peu vieilli (même si l'empalement reste nickel) et les cannibales sont finalement plus des dépiauteurs que des voraces carnivores (mais bon, c'est aussi plus crédible comme ça).
Au-delà de son titre choc, Cannibal Holocaust demeure donc un vrai classique du cinéma.