Sandée le canard n'est pas vraiment un canard mais plus exactement une cane. Une cane extraordinaire. Une cane colvert. Mais surtout une cane énorme. Elle avait atteint sa taille adulte exactement dix-huit minutes après sa naissance, mesurait l'équivalent d'un enfant de six ans quatorze jours plus tard et s'en faisait la taille d'un jolie bison quand elle fêtait ses un an. Des ailes grandes comme un terrain de pétanque, une croupe à écraser un mini bus et un bec long comme un fusil par une matinée d'automne dans la rosé d'un dimanche d'ouverture de chasse. Si bien que tout le monde la surnommait Badaboom.
Tellement énorme qu'elle n'a jamais pu voler, qu'elle s'est toujours trimballée son énorme corps de cane sur terre sans jamais réussir à décoller sa croupe du moindre centimètre. Alors elle s'est mise à courir et elle courait partout et elle courait incroyablement vite, si bien qu'elle laissait d'énormes trous dans toutes les haies dans lesquelles elle passait et qu'on voyait des contours du corps du canard Sandée scinder toutes les haies de toute la région.
C'est d'ailleurs comme ça qu'elle s'est fait connaître, que tout le monde à des kilomètres à la ronde a commencé à venir dans la ferme du vieux Robert pour voir son énorme canard Sandée, dit Badaboom, qui n'est pas vraiment un canard mais est en fait une cane. Et il s'avère que le père Robert n'est pas le dernier des bêtes, que ce qu'il savait même encore mieux faire que de picoler sous son auvent, c'était de trouver des combines improbables pour amasser de belles petites somme d'argent, qu'il s'en aller immédiatement dépenser en alcool, pour continuer à picoler tranquillement sous son auvent. Alors, Robert s'est dit qu'il allait faire payer les entrées pour voir sa Badaboom et le canard Sandée, il allait s'en envoyer des coups à sa santé.
Puis un jour, le canard Sandée, qui est en fait une cane, je vous le rappelle, s'est mis à avoir régulièrement des portées de canetons, puisque c'est ce que les cannes font, tantôt un, tantôt trois, parfois même une bonne vingtaine d'un coup. Surtout ses canetons, mon dieu ses canetons, ils avaient tous un don incroyable. Il y en avait qui étaient mutants, qui tirait des lasers par les yeux, qui lisait dans les pensées de tous les autres canards ou qui déplaçait la paille par la force de l'esprit et puis un autres qui savait se construire plein de truc supers chouettes et qui s'est construit une grosse armure rouge tomate et un autre qui devenait tout gros et tout verre quand il se fâchait et puis un autre qui devenait tout petit comme une fourmis, fourmis-canard qu'ils l'appelaient, et puis un autre qui était même un dieu avec un marteau qu'il était le seul à pouvoir soulever avec son bec bien jaune et puis aussi une cane qui ne savait pas faire grand-chose mais gaulée je vous dit pas et puis plein d'autres encore jusqu'à son dernier rejeton, un caneton tous laid tout grumeleux qui n'arrêtait pas de remuer de la croupe et de se palper les gonades, la rigolade.
Alors le Robert, toujours bien inspiré en matière d'argent, a monté des supers shows, où il leur faisait faire plein de petites choses spectaculaires à tous ses petits supers canards, des cabrioles et des roulades, des bagarres et des combats, il y avait des alliances et des trahisons, du spectacle et du suspens, des blagues et des calembours et parfois même, ils tombaient amoureux.
Pendant ce temps-là, le canard Sandée vieillissait, les portés s'espaçaient et Robert a encore eu une de ses brillantes idées. Il allait en faire trois par ans, de ses énormes shows, avec tous ses jolies canards de toutes ces jolies portées de son joli canard Sandée, toujours les mêmes, toujours avec des cabrioles et des roulades, toujours avec des bagarres et des combats, toujours avec des alliances et des trahisons, toujours avec du spectacle et du suspens, toujours avec des blagues et des calembours et parfois même, ils tomberont encore amoureux. Et encore mieux, il allait les mélanger les uns avec les autres, croiser les shows et même les faire se disputer. Tant que les gens continueraient à venir nombreux, pourquoi s'embêter, après tout. Même que ses canards et ses shows il ne s'en occupait même plus, qu’il les avait revendu à une groupe spécialisé dans les souris qui parlent, ils n’y connaissent pas grand-chose en supers canards mais faire de l’argent en réutilisant encore et encore les mêmes recettes, ça, ils savaient bien faire. Lui, pendant ce temps-là, restait sagement sous son auvent et picolait tranquillement.
Alors pour le dernier show en date, les spécialistes de chez les souris qui parlent se sont dit, tient, et s’ils se rencontraient tous, ces supers canards et qu'en plus, ils se bagarraient tous les uns contre les autres. Tout pareil que d'habitude, et même encore plus, plus des cabrioles et plus de roulades, plus de bagarres et plus de combats, plus d’alliances et plus de trahisons, plus de spectacle et plus de suspens, et surtout toujours plus de blagues et plus de calembours, mais cette fois, les uns contre les autres.
La guerre civile des supers canards.
Génial.
Epilogue n°1 : Et chez les souris qui parlent on continua les shows des supers canards trois fois par an, toujours les mêmes avec toujours les même supers canards, jusqu’à ce qu’un jour, tout le monde en ai tellement bouffé que partout l’on se mit à vomir sans interruptions pendant trois jours et trois nuits. Alors s’en était finit des supers canards.
Epilogue n°2 : Sandée, elle, vieillissait et plus personnes ne venait l'admirer. Robert non plus, ne passait plus de temps avec elle, trop occupé qu'il était à être tout le temps complètement saoul sous son auvent, jusqu'à ce qu'un jour, elle meurt.
Une fois que Robert s'en est rendu compte, trois semaines plus tard, il a bien était touché et il en a même pleuré tout l'alcool de son corps, là-bas sous son auvent.
Tous les autres, eux, l'avaient oublié, Sandée le canard, dit Badaboom.