Vous vous souvenez quand vous étiez enfant et que vous faisiez combattre vos deux jouets ou figurines préférés ? Arrivait toujours un moment où il fallait choisir un vainqueur, mais comme vous aimiez les deux pareil au final le vaincu faisait un comeback et ça repartait dans un sens, puis dans l'autre, puis les parents vous appelaient à table et c'était terminé et vous étiez bien content car vous n'aviez pas à choisir. Ça ne faisait pas une histoire terrible mais vous avez une excuse, vous aviez sept ans.
C'est exactement le syndrome que vivent les scénaristes de films de super-héros en 2016 mais eux n'ont plus l'excuse de l'enfance. Que ce soit Batman vs Superman ou Civil War, les promesses sont les mêmes : les gentils ont beau être gentils, ils sont pas tous gentils pareil et ça finit par castagner. Le problème est qu'à aucun moment le combat n'est réel, soit parce qu'il est désamorcé de façon ridicule comme dans BvS, soit parce que c'est un match de catch déguisé comme dans Civil War où deux camps vont s'affronter mais dans la joie et la bonne humeur, en se répétant les uns aux autres entre deux mandales qu'ils restent copains et en conservant le statut quo à la fin du combat.
Là où l'approche potache qui avait fait le succès des Avengers de Whedon fonctionnait car malgré leurs différends, l'objectif final était de coopérer, le fait de constamment désamorcer la tension en plus de ne fournir aucun enjeu majeur (Les McGuffins glacés étant vraiment le comble de l'arnaque scénaristique) empêche la sauce de prendre. Et ce n'est pas casser-presque-le-dos d'un personnage secondaire pour le faire remarcher avant la fin qui améliore quoi que ce soit.
Les arguments des deux camps sont au mieux nébuleux et le conflit est vraiment mal introduit, mal calibré et mal appréhendé et ne fait qu'au final mettre en lumière le manque de nuances dans la caractérisation des personnages ; lorsqu'il s'agit de les répartir en deux camps, le résultat semble complètement aléatoire.
Le seul moment légèrement palpitant est le combat final entre Captain America et Iron Man, malheureusement la lettre finale vient remettre les compteurs à zéro et le monde des Bisounours reprend ses droits. A force de vouloir faire dans la bonne intention, on obtient donc une guerre civile sans aucune victime, ce qui est tout de même sacrément ironique.