Un western Bondien avec un Lee Van Cleef sans moustache !


LE SEUL BON INDIEN EST UN INDIEN MORT
disent les " Visages Pâles "
LE SEUL BON VISAGE PALE EST UN VISAGE PALE MORT
disent les " Indiens "
AIME TON PROCHAIN
" Origine Inconnue ".




Captain Cleef au garde à vous !



Alexander Singer fait ses débuts dans le monde des westerns avec "Captain Apache", adapté d'une nouvelle de SE Whitman. Le scénario est l'œuvre de Philip Yordan et Milton Sterling, tandis que le rôle principal est tenu par Lee Van Cleef, qui se distingue par son absence de la moustache mythique. Un détail amusant réside dans le fait que Lee Van Cleef, sans sa moustache, paraît étonnamment jeune. Ceci est d'autant plus marquant puisque "Captain Apache" est sorti en 1971, soit six ans après "Et pour quelques dollars de plus" et cinq ans après "Le Bon, la Brute et le Truand". Initialement, ce western présente des problèmes techniques dans sa première demi-heure, notamment des coupes abruptes et maladroites qui entraînent la perte de séquences. Cette découpe brusque manque de fluidité et agace. Cependant, passé ce premier acte décousu, le film trouve son rythme et offre un spectacle remarquablement original. L'intrigue se transforme en un enchevêtrement mouvementé d'espionnage qui rappelle les aventures de James Bond.


Lee Van Cleef, la vedette du film, prend les traits de l'officier indigène Captain Apache, surnommé "Cul Rouge". Il est envoyé par l'armée de l'Union pour mener une enquête sur le meurtre d'un commissaire chargé des relations entre les Amérindiens et l'État américain. Guidé par les derniers mots mystérieux prononcés par la victime, "April Morning" (Matin d'avril), Lee Van Cleef est contraint de dénouer un mystère qui le conduit au cœur d'une conspiration d'envergure. Tout au long de l'histoire, les mots "April Morning" maintiennent l'attention du spectateur, qui, tout comme Lee Van Cleef lui-même, se met dans la peau d'un enquêteur afin de percer les secrets des développements qui ne seront révélés qu'à la toute fin. L'atmosphère de thriller d'espionnage qui imprègne l'intrigue trouve un équilibre agréable avec l'univers du Far West. Malgré quelques fluctuations dans le déroulement de l'histoire, le film ne se classe pas dans la catégorie des mauvais westerns grâce à plusieurs séquences particulièrement efficaces.


Le choix de Lee Van Cleef pour incarner un personnage amérindien peut sembler surprenant, d'autant plus en raison de sa peau très bronzée. Néanmoins, il se débrouille assez bien avec sa tête rasée de près et son imposant uniforme à double fourrure qui émane une certaine bravoure. L'aspect surprenant réside également dans la brutalité du personnage qui n'hésite pas à favoriser à la violence pour progresser dans son enquête, quitte à maltraiter des innocents en cours de route, qu'ils soient hommes ou femmes – aucune forme de pitié n 'est tolérée. Arborant des manières rouillées assorties d'une certaine irrévérence bienvenue, le personnage maroufle de Cleef charme par un charisme indéniable. Cependant, "Captain Apache" se révèle bien plus complexe qu'il n'y paraît à première vue. Le protagoniste est pris au piège entre deux mondes : celui des hommes blancs qui le traite avec racisme et le surnomment "Cul Rouge", et celui des Amérindiens qui le rejettent en raison de sa ressemblance et de sa collaboration avec les hommes blancs. Tout au long de son périple, Captain croise le chemin d'une pléiade de personnages captivants. Parmi eux, "Griffin", le vendeur d'armes admirablement incarné par Stuart Whitman. Griffin apporte une dualité fascinante, que ce soit au niveau physique ou métaphysique. Autour de lui gravite une équipe de brutes redoutables, incluant Moon (Percy Herbert) et Snake (Tony Vogel), ainsi que des gardes du corps jumeaux aux manières étrangement comiques. Vient enfin le personnage secondaire le plus important : "Maude", incarnée par la gracieuse Carroll Baker, qui apporte du piquant au récit. Le duo Baker/Cleef est excellent !



April Morning !



Captain Apache présente des moments de brillance qui se démarquent, incluant des séquences de confrontations bien orchestrées et rythmées, qui deviennent incisives sans franchiser la limite du trop sanglant. La scène finale à bord du train s'avère excellente, propose une confrontation concluante pleine de rebondissements avec un duel qui ne manque pas d'entraînement. La guerre psychologique entre le capitaine Apache et Griffin dans le bureau de ce dernier est particulièrement mémorable. Tous deux se défient du regard pour voir qui flanchera le premier sous la pression créée par la dynamite prête à exploser à leurs côtés, tandis qu'une Maude complètement déconcertée se trouve là. La rencontre avec les jumeaux est également divertissante, tout comme le duel contre l'assassin aveugle ou encore contre Moon et Snake. Le film ne manque pas de scènes comiques, comme le premier repas partagé entre Captain Apache et Maude (qui m'a bien fait rire). De plus, le concours de boissons contre les gardes du corps ajoute une note humoristique. On peut aussi trouver des séquences extravagantes et absurdes, comme le passage sous acide dans la caverne des sorcières, ou encore la scène où Lee Van Cleef se retrouve en slip. Oui, en slip ! Une situation où Van Cleef se voit contrainte de retirer son uniforme devant Diablo, le chef indien, qui refuse de lui parler tant qu'il porte des vêtements appartenant aux hommes blancs. Captain Apache n'hésite pas à ôter avec détermination ses vêtements, dévoilant ainsi son corps athlétique dans une posture fière à la manière de Tarzan.


Enfin, oui, enfin ! Abordons l'excellente composition musicale de Dolores Claman, qui a introduit une chanson remarquable intitulée "And he sings, too", choisie à la fois comme ouverture et clôture du film (et que l'on retrouve à plusieurs autres reprises). Cette chanson possède une caractéristique remarquable, car c'est Lee Van Cleef lui-même qui la chante. Il faut bien avouer que Lee Van Cleef à la chanson, c'est tout à fait impressionnant. Cet aspect à la fois curieux et incontournable ravira sans aucun doute les fervents admirateurs du comédien. Les paroles sont excellentes ! Le rythme de la musique est percutant ! Vous trouverez ci-dessous les paroles entraînantes, ainsi qu'un lien vers l'intro musicale de Captain Apache. Il est impératif de l'écouter !


https://www.youtube.com/watch?v=j46FDG8UeXw



They're after me with guns, knives and fast, fast horses
They're after me with bombs, and bribes and fast, fast women.
They're gonna trail me, tail me, try to nail me there
But they haven't got a prayer
They call him Captain Apache
He's a redskin in cavalry blue
They're coming from the north, south and across the border
The enemies of peace and truth and law and order
They'll try to cheat me, beat me...when they meet me there
They call him Captain Apache
He's a redskin in cavalry blue
They're waitin' in the bars, streets and quiet places
They're wearin' shiny boots and spurs and smiling faces
They're gonna stall me, maul me, try to call me there
But they haven't got a prayer




CONCLUSION :



Captain Apache se présente comme un western d'espionnage qui oscille entre instabilité et amusement. Réalisé par Alexander Singer, il mérite une considération plus nuancée que de le rejeter hâtivement sous prétexte qu'il ne se hisse pas au niveau des nombreux chefs-d'œuvre du genre signés Sergio Leone, Corbucci, Sollima et autres. Malgré des moments parfois extravagants et des doutes techniques sur certains aspects, "Captain Apache" propose des séquences efficaces et délectables dotées d'une originalité indiscutable qui ne saurait être ignorée. Même si le choix de présenter un personnage amérindien avec Lee Van Cleef arborant un teint bronzé pourrait déclencher des interrogations quant à la motivation derrière cette décision,


Un western sympathique qui aurait mérité une saga autour du personnage Captain Apache.




  • Alors sale Indien, En quoi est-ce important cette histoire d'April Morning ?

  • C'est justement ce que je voudrais savoir.

  • Pourquoi ?

  • Lache ce couteau petite. Sans quoi, je vais être obligé de te faire sauter la cervelle.

  • Tu n'es pas un gentleman.

  • Ce qui caractérise les sauvages c'est de ne pas être des gentlemans.



Mon analyse que vous pouvez retrouver sur ma chaîne YouTube spécialement dédiée aux westerns : https://www.youtube.com/watch?v=KBAGMPZCcjk&lc=UgyVP11o9E8-EVbUfvh4AaABAg

Créée

le 12 déc. 2020

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Critique de Captain Apache par AMCHI

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