Sans crier gare, le trop rare Viggo Mortensen fait son retour au cinéma avec un film indépendant aux faux airs de road movie qui s'avère être plus complexe qu'il n'y parait.


Il y a 2 façons de voir le film de Matt Ross.
La première est simple et elle s'axe sous l'angle du road movie, genre ultra prisé du cinéma indépendant US.
On y retrouve d'ailleurs plusieurs de ses codes : le voyage de toute une famille en camionnette avec un but bien précis (ici, l'enterrement de la mère) qui les amènera à remettre en cause leur mode de vie (ou pas).
Rien de plus classique.
Sauf qu'ici, la gentille petite tribu est loin d'être le modèle classique de la famille modèle américaine qu'on aime tant démonter ( et qui le sera de toute manière par le biais de celle de la tante ).
Le personnage de Viggo Mortensen a une vision très personnelle de l'éducation. En les éloignant du monde consumériste, il s'occupe lui-même de leur enseignement que soit par le biais de l'esprit (part importante à la lecture, la culture et la réflexion de ce qu'on apprend) ou du corps ( avec des entraînements militaires ). Il a d'ailleurs un leit motif simple : "on ne ment jamais à ses enfants".
On ne cache pas la mort de leur mère, on parle de sexe ouvertement et on boit du vin rouge en famille sans prescription d'âge à partir du moment où on fait le souhait d'expérimenter la chose.
Alors forcement, les enfants sont hors-normes . Ils sont capable de citer et de commenter le 1er amendement sans sourciller alors que l'adolescent commun cultive sa bêtise en jouant à la console tout en étant couvé par des parents trop protecteurs.


Si on n'y prenait pas gare, on pourrait presque aimer cette vision mais c'est sans compter le 2eme effet du film.
Une vision parfaitement résumée dans cette scène où une des jeunes filles commente Lolita en expliquant la problématique du livre de cette façon : " On se met à aimer un vieillard qui est attiré par une jeune fille car on le juge par le prisme de l'amour alors qu'au final, cet homme est détestable."
Et c'est un peu le cas de ce "Captain Fantastic".
Certes, il aime ses enfants , il veut les protéger mais il n'en est pas moins un psychopathe qui leur offre des couteaux de chasse et qui en fait des bêtes de foire complètement inapte à vivre en société.
Jusqu'au moment où ça dérape ....


C'est vrai qu'on peut regretter que le film retrouve le chemin du "feel good movie" sur sa dernière partie mais les questionnements sont tellement riches (la famille, l'éducation, la maladie, la critique sociétale) qu'on lui pardonne tout surtout que le film évite assez habillement la leçon de morale.


En somme, une bien belle surprise.

Stephane_Hob_Ga
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le 13 nov. 2016

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