oh quel joli décor, qu'on est bien entre soi, qu'on aimerait oublier le monde à l'extérieur, on dira

Un père de famille quelque part aux Etats-Unis, dans une région où il y a des forêts, - pas trop traumatisé par le suicide de son femme, décide de continuer tranquillement l'éducation autarcique et quasi-militaire qu'ils donnaient à leurs 5 enfants.

On apprendra que la mère souffrait d'une dépression post-accouchement suite à la naissance du premier fils.... !!! (arg ! je m'étouffe) !! Qui est le sagouin-pervers-détraqué qui fait 4 gosses à une femme qui n'a pas supporté sa première grossesse ??!! Peut être UN à la rigueur par erreur, ou après quelques années pour s'en remettre, OU une fois que la dépression semble derrière soi, mais 5 !!! ce film est un spot contre la contraception et l'avortement.

De ce suicide il ne sera pas vraiment question. Si le protagoniste principal n'a aucun mal à nommer les choses, et s'en félicitent devant sa « bourgeoise » de sœur et son mari, il ne se pose jamais aucune question. C'est déroutant, on attend tout au long du film qu'il perde le contrôle, se bourre la gueule, pleure, ou fasse un peu d'introspection. Une once de culpabilité pourrait l'effleurer par exemple, et le film pourrait consister alors à surmonter cela, pourquoi pas en rendant hommage à sa femme, en cherchant à la comprendre, pour aider les enfants à faire leur deuil aussi.

Que nenni, il postule face à tous les proches de sa femme être le seul à la connaître vraiment. Proches qui d'ailleurs sont tous caricaturés en gros cons pour faciliter l'adhésion au point de vue du « héros ».

Et les enfants ? La tribu ressemble en extérieur aux enfants idéaux selon les normes bourgeoises. Ils sont très doués à l'école, ce sont tous des sportifs et des musiciens, et ils parlent plusieurs langues. Pour parachever cela, ils ne sont pas prétentieux et n'ont pas d'autres ambition qui de reproduire le modèle parental (avoir un potager et élever des poules). Leur pseudo épanouissement et leur apparente supériorité est un élément narratif qui a pour effet de coincer le spectateur dans un dilemme, la violence et l'isolement semble ici rendre tout le monde intelligent, beau et heureux, comment oserait-on critiquer ?

Avec de tels ingrédient, il ne peut y avoir que des simulacres de péripéties, des crises qui n'en sont finalement pas comme je l'ai lu dans un autre commentaire négatif. Pour prendre l'exemple le plus marquant, l'ainé qui a 18 ans, avait préparé les concours des plus grandes universités du pays avec l'aide de sa mère, et il a été reçu partout.

...18 ans d'une éducation présentée comme alternative, sobre, peu dépensière, en accord avec la nature, n'ont donc pas fait germer une once d'esprit critique sur la question de l'accès au monde entier par les occidentaux et sur l'avion comme moyen de transport ? Vu qu'il a tout son temps, pourquoi ne pas partir en bateau, pourquoi ne pas mettre en application l'adage qui dit que dans un voyage, ce qui compte, n'est pas la destination, mais le chemin parcouru … ? Peut-être parce que dans "Captain fantastic", la référence à Noam Chomsky n'est que poudre aux yeux.

précision : en faisant abstraction de toute réflexion, on peut passer un bon moment devant ce film, ça n'empêche que les facilités et les caricatures trahissent l'idéologie de l'auteur, sa nostalgie du bon père de famille, autoritaire, qui sait mieux que chacun ce qui est bon pour lui et laisse sur le bord de la route les plus faibles (ceux qui se suicident par exemple).