Loin de l'idée du blockbuster générique et oubliable que la presse et les gens veulent bien imposer, mon avis sur Captain Marvel est bien différent.
Déterrer une héroïne comme Carol Danvers, un mois et demi avant la conclusion dans Avengers Endgame, n'est pas chose facile.
Intégrer un personnage dans un univers déjà établi depuis longtemps n'est pas nouveau et Captain Marvel n'est pas le premier personnage à intégrer la clique musclée/stylée bien plus tard, les intégrations des Gardiens de la Galaxie ou de Dr Strange nous ont déjà prouvé que c'était faisable de manière fluide, là où Spider-Man Homecoming s'était pas mal pris les pieds dans le tapis avec la cohérence scénaristique du MCU.
Restait donc à Captain Marvel de rejoindre l'univers et surtout de devenir une héroïne attachante avec un seul film, et sur ce plan là, c'est un défi réussi haut la main à mes yeux.
Carol est sérieuse, forte et badass tout en restant attachante et drôle quand le contexte le permet, le duo qu'elle forme avec Nick Fury jeune fonctionne et leurs échanges ont parfois terriblement efficaces et drôles. (Mention spéciale à la scène durant laquelle Carol suspecte un voisin innocent d'être un monstre alien qui joue la comédie, elle se ridiculise de manière particulièrement hilarante dans l'une des scènes que j'ai trouvé être parmi les plus drôles du MCU)
Le redécouverte des souvenirs et du passé de Carol au travers de ses yeux tout au long du film englobe le spectateur de manière plutôt convaincante et l'idée que l'héroïne soit une guerrier Kree extraterrestre habillée en vert passe d'étrange en début de film à carrément insupportable à la fin. le climax dans lequel l'actrice Brie Larson porte finalement (enfin) les couleurs de Captain Marvel et sa chevelure de feu en fin de métrage n'en est que plus efficace tant l'attente aura été longue et frustrante et l'explosion de son pouvoir qui s'ensuit est particulièrement jouissive. (Vas-y démonte-les ma belle, ça fait deux heures qu'on attend que ça !)
La restriction, l'enfermement et la privation sont au cœur du récit. Non seulement au travers du message féministe (bien loin d'être enfoncé à grands coups de marteaux comme peuvent l'exagérer certains) qui prône le retour de la femme dans l'action, indépendante et se suffisant à elle même (au travers de quelques plans où l’héroïne se relève après avoir été mise au sol par un homme, symbolisant directement la position de la femme dans la société), qu'au travers de ses pouvoirs dans la diégèse de l'univers qui lui sont partiellement retirés ou bridés pendant le récit.
Il est difficile de mettre un personnage si puissant en difficulté et là où les deux premiers Thor avaient du mal à le faire, (le troisième s'étant totalement rattrapé) Carol se retrouve très souvent entravée par les situations de manière habile ce qui lui empêche de régler tous les problèmes à grands coups de laser photoniques en pleine face. Entre son décalage avec la vie sur terre, les menottes géantes qu'elle se traine plusieurs minutes, la puce qui inhibe son pouvoir ou son absence de souvenirs qui l'empêche d'embrasser son ancienne vie, elle est mise en échec non pas par un méchant trop puissant pour elle, mais par des situations, des entraves indirectes et une manipulation mentale depuis des années que je ne décrirai pas plus pour ne rien spoiler.
On pourra reprocher quelques blagounettes un peu faciles (le chat il est mignon mais attention en dessous il est dangereux !) ou encore les designs visuels des éléments spatiaux en début de film assez génériques, comme certains vaisseaux ou vêtements (oui ces tenues vertes sont vraiment vilaines), reste que le film fonctionne même après tant de blockbusters super héroïques desuis tant d'années.
Foncez voir le film, et de toute façon, vous n'avez pas le choix, vu qu'Endgame sort aujourd'hui et que Carol va je l'espère, y niquer des mères !