The pokerman
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Si l'on excepte le très sympathique giallo Le sang des Innoncents, retour nostalgique à sa trilogie animale, les années 2000 sont une véritable descente aux enfer pour le Maestro. Mother of Tears, bien que flirtant plus souvent avec le Z qu'autre chose, avait pour lui un gore craspec et une ambiance plutôt réussie, tandis que Giallo narrait une enquête potable à défaut d'être palpitante. Ces deux films font suite à Card Player, et pourraient presque passer pour des réussites à côté de ce dernier (comme quoi, tout est relatif).
Le scénario est d'une paresse rare, enchaînant les scénettes pour une cohérence minimale. Rien n'est véritablement expliqué ou approfondi. Le summum étant atteint lors de la révélation finale, le tueur déballant ses motivations plus embarrassantes qu'autre chose, à l'image d'une histoire qui reste en surface. On suit donc deux enquêteurs, qui ne font rien de particulier entre chaque scène de partie de poker. Quelques démarches d'investigations par ci, quelques rencards par là. Rien n'avance, le scénario tourne sur lui-même dans une répétition soporifique, enchainant les incohérences (une psychologie du poker alors que le jeu se déroule en ligne ?).
Argento met alors en place ses éléments habituels (un indice sonore ou visuel qui hante un protagoniste jusqu'à en trouver l'origine décisive, le trauma lié à l'enfance), les utilisant de manière complètement anodine. L'heure tourne, tient, il est temps de résoudre l'enquête !
A cela s'ajoute une réalisation télévisuelle des plus hideuses. Si l'on notera quelques mouvements d'appareils, mais rapidement coupés là où auparavant ils pouvaient s'étaler sur plusieurs minutes, le reste est d'une pauvreté rare. Plus téléfilm que long-métrage de cinéma, Argento enchaîne les séquences dialoguées, filmées dans de classiques plan large/champ/contre-champ, pur habitude de télévision afin de rendre le tout descriptif et informatif. La mise en scène, principale force du réalisateur transalpin est ici au abonnés absents. Étonnant également de voir Benoit Debie signer la photographie, lui au style d'habitude si marqué et flamboyant qui nous livre ici un résultat très laid et sans finesse, entre ambiance grisâtre et platitude des plans.
Le jeu d'acteur n'a jamais été le point fort d'Argento. Mais le génie de sa mise en scène, les atmosphères et les séquences inoubliables permettaient d'amoindrir ce défaut, de ne pas le rendre gênant lors du déroulement du film. Le spectateur étant capté par les autres éléments, il restait un souci mineur. Dans Card Player, c'est portes ouvertes. Le fait de situer l'enquête en Italie, mais de ne faire jouer presque que des italiens parlant un anglais approximatif rend le tout douloureux (visée du marché international oblige). Si certains ne s'en tirent pas trop mal, notamment Liam Cunningham, seul acteur véritablement anglophone qu'on apercevra dans des productions d'un autre calibre par la suite, la majorité du casting fait plus peine à voir qu'autre chose, mention spéciale à la psychologue totalement imbuvable.
Rajoutons une durée anormalement longue pour ce type de film (1h45), un rythme pachydermique et l'absence presque totale de scène de meurtre, et vous obtenez le pire film du réalisateur visible aujourd'hui. On a qu'une seule envie après le générique : retirer la galette, et insérer Suspiria ou Phenomena pour le 14e fois afin de se rappeler que oui, Argento fut un très grand réalisateur.
Créée
le 23 févr. 2016
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