Les personnages (deux couples) mis en scène dégoupillent, les uns après les autres, avec une intensité différente, mais toujours dans la gradation. On assiste alors à une joute verbale de classe moyenne, qui voit les équipes s'affrontant changer de partenaires au fur et à mesure des sujets abordés, de l'alcool, et des positions personnelles révélées par les protagonistes. Le tout est assez facile à suivre, mais très inégal : la première partie du film est en effet assez crispante après les 10 minutes d'introduction où, pendant une grosse demi-heure, le film tourne plutôt à vide.
Même si certains sujets comme le couple, la parentalité, sont traités avec une certaine finesse ; on a, du début à la fin, cette impression dérangeante d'assister à une tempête dans une verre d'eau. Mais puissance 10 000. C'est là la grosse faiblesse de ce huis-clos, trop artificiel, qui ne peut compter sur les talents de dialoguiste de Reza et Polanski, n'arrivant pas à créer quelque chose de fluide et de jouissif "ex nihilo".
De plus, les schémas de mise en scène et de construction de l'histoire sont encore trop empruntés au théâtre pour que l'on puisse réellement apprécier l'objet en tant que film.
Ce huis-clos, malgré tout assez inventif, reposant sur des acteurs qui tiennent la route, s'enfonce donc tout le long (mis à part quelques quelques scènes agréables) dans du rien, et du début à la fin on a envie de dire un gros WHATEVER à tout ce petit peuple. Il y avait un bon matériel au casting, mais le film paraît un peu faux, pas assez poussé sociologiquement. La fin est d'ailleurs assez troublante puisqu'elle confirme notre impression en nous montrant que tous les problèmes évoqués au départ de l'action se résolvent par eux-même et n'en sont finalement pas. Ne reste alors que la destruction mutuelle des deux couples — et par extension des deux familles — dont on se doute qu'ils n'en sortiront pas indemnes.