Je n'irai pas jusqu'à dire que Carnage porte bien son nom, parce que le film n'est pas non plus dénué d'intérêt, mais ... presque. A la base, Carnage est une pièce de théâtre ; Le Dieu du carnage écrite par Yasmina Reza. Et franchement, elle n'aurait jamais du être adaptée.
Brièvement, c'est l'histoire de deux couples qui se rencontrent de manière un peu forcée, suite à une bagarre entre deux de leurs enfants respectifs.
A la manière des pièces du XVIIème siècle, Carnage respecte l'unité de lieu, de temps et d'action. Résultat ; on étouffe ! En seulement une heure trente de film on arrive à ne plus en pouvoir de ce petit intérieur coquet et nous aussi, on a bien envie de bousiller ce splendide bouquet de tulipes ! Je ne sais pas si l'auteur a voulu nous faire vivre son assignation à résidence, mais en tout cas on a vraiment envie de s'échapper. Le réalisateur avoue prendre « plus de plaisir à voir des films qui se déroulaient dans un seul décor ». Sauf qu'ici ça ne marche pas. Pour preuve, ce scénario qui est quelque peu improbable. On passe d'une scène à une autre par des prétextes bidons. Clairement, un couple qui se rend chez un autre, quasi contre son gré, et qui, alors qu'il est sur le point de partir, fini finalement par entrer à nouveau pour boire un expresso, c'est n'importe quoi. A chaque fois, les excuses qui font que le couple invité ne quitte pas les lieux, sont invalides. Heureusement, le jeu des acteurs est excellent. Le film est réellement porté par ce casting de rêve. Jodie Foster, dans le rôle de la prolétaire new yorkaise (si tant est que l'on puisse être prolétaire et vivre dans un énorme appartement au cœur de New York) qui défend contre vents et marées la cause des plus démunis. Kate Winslet, extrêmement parfaite dans le rôle de la bourgeoise obéissante à son mari, cantonnée à l'éducation des enfants et à la tenue de la maison (qui finit par littéralement péter un plomb). Christoph Waltz, le géniallissime, dans le rôle de l'avocat pourri, d'un cynisme à toute épreuve. Et enfin, John C. Reilly, vendeur d'antiquité, qui malgré sa bonhommie s'avère être un tueur d'animaux. On est d'autant plus admiratifs lorsque l'on sait que le film a été tourné à la manière d'une pièce de théâtre (tiens donc), c'est-à-dire en une seule prise. En une heure trente les acteurs ont donc du passer du calme au « carnage ». Dans sa globalité, le film est un peu chiant. Mais heureusement certains passages nous sortent de notre torpeur, soit en nous faisant rire, soit en nous clouant sur place suite à une tirade hurlée à plein poumons. Evidemment il ne faut pas rester au premier degré du film et y voir plutôt un message qui serait « que tu aies choisi de prendre l'apparence d'un bourgeois bien propre sur toi et d'apparence glaciale, ou qu'au contraire tu aies préféré devenir un bobo, citoyen de la planète et donneur de leçon, le résultat est le même : tu es un monstre. ».
Bref, on ne parlera pas de la bande originale puisqu'il n'y en a pas, ni même de cette non-fin. Beaucoup disent de ce film qu'il est très personnel. Soit, Le Pianiste, réalisé en 2002, l'était aussi. Mais cette fois-ci, Roman Polanski s'est fait plaisir et a complètement oublié celui de son spectateur...
(Et franchement, Roman, le plan du hamster ? Mais what the fuck ?)