Noé's boucherie

Après le superbe mais traumatisant Irréversible, le chiant et porno LOVE, voilà que je replonge dans la filmographie de l'éclectique Gaspar Noé pour voir son premier moyen-métrage : Carne. L'histoire est simple : un boucher chevalin et sa fille Cynthia vivent seuls, et leur relation est étrangement incestueuse.

Gaspar Noé aime le trash : le cul, le sang, la violence (mots, gestes) et tout ce tintouin-là. Cependant, j'avais envie de savoir ce qu'il avait fait avant d'arriver à ses oeuvres "finales". Comment parlait-il du sexe avant LOVE et de la violence/viol avant Irréversible ? Le film, tourné en 1991, porte un style un peu granuleux, un peu "vintage" et m'a fait penser au Fabuleux destin d'Amélie Poulain pour cet esthétisme entre rouge et jaune. Les acteurs de Carne sont peu nombreux, les décors sont peu diversifiés, on sent derrière ce film un tournage un peu bringuebalant, un peu système D, mais ça ne me dérange pas, au contraire : ce style lui donne un cachet, une âme.

Le thème est méga-glauque et le film, interprété par le superbe Philippe Nahon, dont le visage dur et fermé colle si bien au personnage de boucher, a vraiment une atmosphère malsaine. Cette atmosphère malsaine se retrouve notamment dans les premiers plans, où l'on voit un cheval (l'animal enfantin par excellence) se faire tuer, avant d'atterrir dans l'assiette sous forme de steak. De plus, la relation incestueuse montrée par des plans dans le bain (très chers à Gaspar Noé d'après ce que je vois) et un baiser tendu et caché par les cheveux de Blandine Lenoir, qui interprète, dans un jeu discret à la Charlotte Gainsbourg, le personnage de Cynthia.

En somme, à ne pas regarder si vous adorez les chevaux, si vous êtes régulièrement mal à l'aise dans les films, si vous n'aimez pas le rouge, si vous n'aimez pas le trash : tout bonnement, si vous n'aimez pas Gaspar Noé. Ce film m'a marquée très fortement, m'a donné envie de continuer la filmo de Noé avec, notamment Seul contre Tous, afin de retrouver Philippe Nahon.