Tas de viande !
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Premier film important dans la carrière du génial Gaspar Noé Carne expose, quarante minutes durant, un univers organique, violent et chaleureux : véritable leçon de cinéma, expérience esthétique et métaphysique, ce moyen métrage tourné au début des années 90 nous plonge dans la boîte crânienne d'un boucher chevalin de connivence avec le ressentiment. Philippe Nahon incarne ce français moyen avec une humanité proprement désarmante, entamant le soliloque continu de sa voix rauque, tendre et désabusée qui trouvera son aboutissement total dans le chef d'oeuvre Seul contre tous.
Carne ou Les Cinémas de la Zone, c'est un peu l'éthique d'un certain cinéma français : un cinéma qui pousse les limites esthétiques dans leurs derniers retranchements. Monté par sa compagne Lucile Hadzihalilovic et consulté par son ami Stéphane Drouot ce film précieux de Noé fait figure d'oeuvre personnelle et obsessionnelle, annonçant déjà bon nombre de thématiques présentes dans ses films ultérieurs. La photographie cireuse, sanguine et granuleuse de Dominique Colin impose une rigueur formelle peu commune, de la même façon que les cadrages, la bande sonore et le montage elliptique : une esthétique de la laideur pour un petit traité philosophique intègre et courageux, jouant sur une expérience limite qui trouvera son apothéose dans le dernier quart d'heure de Seul contre tous, qui ne forme avec Carne qu'un seul et unique film en définitive.
Sexualité, instinct de survie, goût de chair et de sang, hypnose télévisuelle et stroboscope tamisé... Il va sans dire que ce tourbillon viscéral n'en finit pas de surprendre de minute en minute, rappelant à certains égards la grammaire godardienne et ses intertitres définitifs. En un mot comme en cent cette première partie des aventures du boucher se doit d'être vu par tout citoyen cinéphile digne de ce nom, pour peu qu'il puisse outrepasser la violence représentée et ses préjugés moraux. Un bijou bataillien en diable qui donne à voir et à réfléchir : magnifique !
Créée
le 24 nov. 2017
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