Two Lovers
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Vivre sa vie à contre courant comporte ses risques dans une époque réfractaire à ce genre de relation. Carol brosse cette liaison non-conforme entre deux personnages perdus dans leurs propres ambiguïtés avant d'aspirer à ce désir de liberté qui brûle dans leur regard respectif.
Deux étincelantes actrices dans la peau de deux femmes vibrant d'un amour sincère dans les années 50, propulsent le film au cadre intimiste vers une éclosion libertaire et identitaire. Thérèse Belivet, une jeune femme réservée vivra un conte de fées, débuté à Noël qui prend forme lors d'échange des regards chargés en mystère et de gêne complice.
Coup de foudre manifesté ou attirance magnétique, chacune se retrouve dans les pupilles de l'autre en devenant respectivement son propre ange. Le lien s'étoffe à mesure que ces femmes commencent à se compléter et impose au traitement visuel un charme latent qui rendra compte de leur fusion. Le passage de la voiture dans le tunnel illuminé de lumière verte joue cette étape vers le changement progressif de Thérèse prise au ralenti dans des plans qui se superposent et se fondent sur elle, tracée par la rémanence de l’éclairage.
Ressemblant à un film restauré par les vertus du numérique tant les images baignent dans un grain attribué aux films de cet âge d’or hollywoodien, Todd Haynes réactive une époque scrutée sur l'homosexualité et les comportements qui en découlent suite à la prise de conscience du désir féminin en ébullition. Il y pose un regard doux et affectif sur l'union de ses personnages oppressés par un cadre sociétal imposé à la femme.
La connexion, leurs cercles privés ouverts à l'une et à l'autre posent les fondations de leur relation qui permettent à Thérèse de grandir et de s'affirmer et à Carol de suivre ses désirs loin d'une vie conjugale que l'on devine étouffant. Bizarrement, toute l'alchimie canalisée par les actrices se suffit à elle-même jusqu’à ce que la scène lesbienne arrive et ennuie tant elle paraît en surplus au regard de ce qu’elles ont construit à chaque rencontre. La scène lesbienne n’en est pas moins bien filmée en prolongeant leur idylle vers d’autres contrées mais elle n’aurait pas été réalisée, elle n’aurait pas manqué au déroulement du film qui la justifie comme un accomplissement pour elles-mêmes et une pièce maitresse pour le détective employé par Harge Aird, le mari de Carol.
Cette parenthèse enchantée abolit les limites que la société castratrice impose au sexe faible et interroge sur l’altérité dès qu’elle soulève d’autres impératifs bien souvent incompris. Tout au long du film, cet amour s’est révélé être un drame froid qui souffle un vent chaud sur la condition féminine.
Créée
le 29 oct. 2019
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