Il s'agit de l'adaptation du premier roman de Stephen King écrit en 1974. L'ombre d'Hitchcock plane sur le film, le nom de l'école « Bates High School » faisant évidemment référence au tueur Norman Bates de Psychose, et les violons stridents de la musique de Pino Donaggio, qui interviennent lorsque les pouvoirs de Carrie se manifestent, rappelant ceux de Bernard Hermann dans la scène de la douche du même film. Bernard Hermann était d'ailleurs prévu au départ pour faire la musique du film mais il est mort en 1975 juste avant le début du tournage. Le film est aussi une brillante illustration de la théorie de Freud sur la sexualité : comme le fait remarquer un excellent article du Monde « De Palma exploite la cinégénie particulière du corps de la jeune fille, toujours filmé comme le lieu d'un passage. Un corps en crise, tiraillé entre les exigences du puritanisme parental, incarné ici par sa mère bigote intégriste, pour qui les règles de Carrie sont une manifestation du diable, et l'entrée dans l'adolescence qui voit émerger le corps sexué. » L'interprétation de Sissy Spacek est tout simplement prodigieuse. Le film est vraiment un chef-d'œuvre à tous les points de vue notamment, bien sûr, au niveau de la mise en scène. On notera particulièrement l'extraordinaire plan séquence qui débute lorsque, dans la salle du bal, Norma va prendre les bulletins de vote : la caméra la suit puis s'élève jusqu'au sommet de la pièce pour ensuite zoomer sur le couple vainqueur, splendide !