Je m’étais déjà lancé dans la fastidieuse tâche de prendre le parti de Ridley Scott pour Prometheus, qui à mes yeux prouver un tantinet que le monsieur pouvait revenir, à terme, sur le devant de la scène avec des bons voir d’excellents films, je suis donc content de voir que je n’étais pas trop loin de la vérité et je reprend encore, en ce mois de novembre 2013 le parti de monsieur Scott et de son « Counselor » qui est injustement sous estimé un peu partout.

« The Counselor » est un film éminemment noir, violent et défaitiste, mettant en avant à la fois les talents de mise en scène d’un Ridley Scott surprenant dans un style qui n’est pas forcément le sien et d’un McCarthy qui confirme au cinéma en scénarisant ici pour la première fois.
« The counselor » nous montre la descente aux enfers d’un avocat cupide, pensant à tort que l’apparence surplombe le reste se lançant ainsi dans l’inexorable quête du « toujours plus », ici en entrant dans le narcotraffic. Cette quête va l’amener à prendre conscience de l’importance de ses actes qui bien vite vont le dépasser, actes sur lesquels il n’aura plus aucun contrôle.
Sur le papier, décrit tel quel, le film semble très classique, hors il est assez original dans la carrière de monsieur Scott, je me permets de dire cela en n’ayant que 13 films du monsieur, mais bon.

Scott met sa mise en scène au service du scénario de McCarthy avec un talent que je ne croyais plus possible chez lui, ou alors disparu depuis plus d’une dizaine d’année. Une sorte d’objet très formaliste, à la limite de l’exercice de style qui pourtant recèle d’un fond et de dialogues d’une certaine importance, d’un jubilatoire et d’une beauté par moment assez rare et surprenante.

Ridley Scott aurait pu être tenté d’en mettre plein la vue, comme il le fait beaucoup depuis 20ans, entre Gladiator, Kingdom of heaven, la chute du faucon noir, Robin des bois ou plus récemment Prometheus, on tombe vite dans un tape à l’œil, soit pas toujours mauvais, mais souvent un peu gonflant laissant de côté certains enjeux, comme le côté politique dans Gladiator, non moins intéressant, mais vite laisser de côté pour du plus grandiloquent. Ici c’est beaucoup plus sobre, le film n’aguiche pas ,à coup de fioritures explosives ou d’action démesuré, le spectateur, mais le fait beaucoup plus subtilement en mettant en avant le récit et le jeu des acteurs et en laissant, lentement mais sûrement l’intrigue, les personnages et le récit se mettre en place avec un indéniable talent.

L’équipe d’acteur est d’ailleurs assez génial, moi qui est tout sauf fan de Fassbender je dois reconnaître qu’ici, malgré quelques mimiques qui me dérangent, il est au top de sa forme, loin de sa médiocre performance dans Shame ou X-Men ou il en fait beaucoup trop.
Pitt est très juste dans sa paranoïa et sa « beauferie » expliquant très bien cette idée de coiffure, mal lavé, mal coiffé, allant dans le sens de son côté très américain et paranoïaque.
Bardem, qui joue pour la deuxième fois dans un récit (ou ici un scénario) de McCarthy après No Country For Old men est encore une fois impressionnant de justesse malgré des chemises peu enviable. Pour ce qui est du casting féminin de premier rang on peut reconnaître quelques qualités à Cruz qui pour autant n’impressionne pas plus que ça si ce n’est pas sa non-présence, et une Diaz insupportable mais j’y reviendrai.
Quant aux autres acteurs on est dans du très bon, et on est content de voir un Bruno Ganz toujours aussi classe et pourtant très peu présent sur les écrans.

Pour ce qui est du récit, McCarthy nous propose une vision très sombre de l’être humain sans jamais trop en faire. Le film ne tombe pas dans la critique facile, il n’est pas amené à juger plus que ça ses personnages, au contraire, par le biais de dialogues très inspirés et recherchés dont certains resterons longtemps, le film avance dans cette descente aux enfers de notre avocat dont finalement nous ne voyons que peu d’élément. Le film passe très vite, n’évite pas les ellipses sans jamais perdre le spectateur. On sait ou le film et le récit veulent en venir et on voit se dépeindre sous nos yeux ce qui sera, pour moi, pendant 1h30, l’un des films les plus jubilatoires et maitrisé de 2013.
J’ai particulièrement du mal à mettre des mots dessus, j’étais comme en apesanteur pendant 1h30, emmené par des acteurs au sommet, une musique tout sauf la pour remplir des vides et une intrigue soit simple mais hyper efficace, j’attendais le final avec impatience et c’est la que ça cloche un peu.

Risque de Spoil :

Beaucoup d’éléments se justifient durant les 30dernières minutes, et de nombreuses scènes sont très belles, émouvantes et inspirés comme celle du DVD, l’un des derniers échanges téléphoniques du héros, la mort de Bardem, la scène avec les guépards (à mettre en lien avec la chasse au début) et même la mort du motard, sûrement l’une des meilleures scènes, parmi les plus violentes, détachés et grouillante de détails du film.
Mais la sur-présence de Diaz m’insupporte, dés le début elle me gonfle. La scène sur la voiture est ridicule, non pas l’idée de la scène mais bien par la présence de Diaz. Et c’est encore pire sur la fin. D’ailleurs elle m’insupporte, mais elle l’est, insupportable, loin de l’idée même de son rôle, qui lui ne l’est pas forcément et s’avère être celui d’une belle salope, elle gâche à elle seul la majorité des scènes ou elle se trouve et particulièrement la fin. Elle est sympa dans des comédies, mais la elle est juste à côté de la plaque. Pour autant l’idée de finir comme ça, simplement sur elle est très bonne.
Bon il n’y a pas que ça de mauvais, certains passages sont un peu chiants, certains dialogues sont moins inspirés que d’autres (comme lors de la confession de Diaz, encore une fois elle est insupportable, mais pour le coup la scène est inutile et ridicule), mais dans l’ensemble c’est un excellent film.

Bref, je parle, je parle et la critique avance sans vraiment en venir à l’idée que je voulais avancer, outre l’absence de pluie le film s’ancre, à mes yeux, dans un lien assez fort avec Blade Runner, de part sa noirceur, son esthétique par moment, sa photographie (magnifique au demeurant) sur la fin, et l’inévitable descente du personnage principal dans un univers qui le dépasse. La scène de fin, ou Fassbender erre en ville n’est pas si loin de certaine scène de Blade runner, que ce soit dans l’errance même du personnage, nonchalant et dépassé par les évènements, que dans la photographie générale des lieux et de la ville, il n’y manque que la pluie.
Alors oui, la comparaison est sûrement conne et fortuite, et « The counselor » est moins bon, subtil, beau et génial que Blade runner, mais j’y vois comme une sorte de retour en force de Scott, en espérant que le bougre ne gâche pas tout mes efforts pour le défendre en massacrant blade runner avec sa plausible suite.

Ps : Détail tout bête, mais le bruit des armes est hyper réaliste je trouve.
Sasory
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le 18 nov. 2013

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