Contexte...

Cartel est la rencontre entre deux grands noms, l'un du cinéma et l'autre de la littérature : Ridley Scott et Cormac McCarthy. Si c'est la 21ème réalisation pour le premier, pour le second, c'est la première incursion en tant que scénariste. Pour rappel, Ridley Scott a notamment réalisé Alien, Blade Runner, Gladiator, mais aussi (et malheureusement) A arme égales ou encore Une grande année. Cormac McCarthy a signé des romans tels que De si jolis chevaux, No Country for Old Men, La Route (qui a remporté le prix Pulitzer), et Child of God, qui ont été porté à l'écran, avec le succès qu'on leur connait.

Pour l'occasion, Ridley Scott s'est entouré d'un casting prestigieux : Michael Fassbender, Brad Pitt, Javier Bardem, Cameron Diaz, Penelope Cruz, Bruno Ganz, Nathalie Dormer, Dean Norris...

Il a amusant de noter que Ridley Scott retrouve plus de 20 ans après Brad Pitt, qui a joué dans Thelma et Louise (1991), le personnage J.D. l'autostoppeur, un rôle qui l'a révélé. Une autre anecdote concernant Brad Pitt, celui-ci retrouve Michael Fassbender, pour la troisième fois, après Inglorious Basterds (2011) et prochainement 12 Years a Slave (2014). Dernière anecdote, Javier Bardem retrouve l'univers de Cormac McCarthy, puisqu'il jouait le meurtrier plus que flippant, Anton Chigurh, dans l'adaptation de No Country For Old Man des frères Coen, il fut lauréat de l'oscar du meilleur acteur dans un second rôle.

Un grand philosophe a dit un jour : "L'important au poker ce ne sont pas les cartes, c'est ce que vous en faites." En effet, dans la vie, comme au poker, il arrive que vous ayez toutes les cartes en main pour réussir, mais pour une raison inconnue, vous échouez lamentablement comme une pauvre merde.

Je suis allé les voir dans, sensiblement, les mêmes conditions qu'un autre film, Players : une certaines attente concernant les deux long-métrages, des réalisateurs dont j'avais aimé la filmographie, un bon casting (celui de Cartel étant meilleur), mais des films assassinés par la presse et les spectateurs. Mais j'aime me faire mon propre avis et non pas penser comme tout le monde parce que 2-3 connards ont décidé que c'était comme ça et pas autrement (Superman Returns je te soutiens face à eux). Malheureusement, j'aurais aimé qu'ils se soient trompés, pourquoi ? Ou plutôt, comment ? COMMENT ONT-ILS PU SE CRAQUER A CE POINT ?!! Je ne comprends pas. Ils avaient des putains de bonnes cartes dans les mains. Le genre de cartes qui fait que Patrick Bruel viendrait vous faire un câlin pour vous féliciter. Merde ! Il n'y a qu'à lire la partie "Contexte" de mon article pour comprendre mon incompréhension. Encore, si c'était un foirage total à tous les étages, mais même pas. Ce film a des putains de bonnes qualités qui sont tellement visibles que le plantage est encore plus incompréhensible et relève de l'exploit. A ce niveau-là, c'est du génie. Cartel était plus difficile à louper qu'à réussir. Il mériterait presque un oscar pour cela. Je sais que je tourne en rond dans ma critique, mais je pense en même temps que je réfléchis et je n'arrive toujours pas à comprendre comme cela a-t-il été possible ?

En cours de mathématique, il y a une règle que beaucoup doivent savoir, car très simple à mémoriser. Cette règle dit que la somme de deux nombres positifs donne un résultat positif. Cartel montre que ce n'est pas le cas, et votre fidèle critique va (enfin) vous l'expliquer.

Le premier nombre de mon équation se nomme Ridley Scott. Plus haut dans ma critique, je vous ai énoncé certaines œuvres de sa filmographie : Alien, Blade Runner, Gladiator, 3 grands chefs d'œuvre cinématographiques. Je pourrais aussi vous en citer d'autres mais cela ne serait que perte de temps, comme ma phrase d'ailleurs. Ce qui compte c'est de montrer de manière simple que Ridley Scott ce n'est pas Jo Le Clodo. C'est un excellent réalisateur qui l'a prouvé par le passé. Certes depuis quelques films (Mensonges d'Etat, Robin des Bois, Prometheus), il semble être en perte de vitesse et avoir perdu son modjo. Cartel était donc une occasion en or de le faire, occasion loupée.

Je sais ce que vous vous dites : "QUAND EST-CE QUE TU VAS NOUS FAIRE TA PUTAIN DE CRITIQUE DE CARTEL ET ARRETER DE PARLER DE TOUT ET SURTOUT DE RIEN ?!!!!" Je n'ai pas écrit tout cela pour rien (enfin pas vraiment). Je viens de résumer de manière assez caricaturale la structure du film qui est celle (parfois) d'excellentes scènes ayant (pas toujours) un lien entre elles, racontant des choses mais qui ne font pas (ou peu) avancer le schmilblick. J'y reviendrais plus tard.

Nous étions sur la mise en scène de Ridley Scott. Celle-ci est bonne quoi qu'un peu plate et ne donnant pas de relief au film. Bien que ses précédents films étaient loin d'être parfaits, la réalisation était toujours au rendez-vous. Mais cela ne sauve pas toujours un film, Prometheus en est l'exemple. J'ai bien aimé le film mais je sais pertinemment que le scénario était loin d'être bon, voire carrément décevant. Ici, aussi, avec Cartel, c'est le cas. Un bel emballage ne suffit pas à rendre un cadeau fabuleux. Surtout que si l'on regarde de plus prêt, l'emballage a aussi des défauts. La photographie est belle mais toujours trop lumineuse et rendant l'ensemble parfois trop superficiel. La descente aux enfers de chacun n'est finalement visible que par le biais de l'interprétation des acteurs et par certaines scènes. L'ambiance générale du film ne suggère que trop rarement la menace existante (celle du Cartel) et il ne suffit pas de mettre une musique stressante pour que la sauce prenne. La dramaturgie manque de matière.

Et ce qui n'aide pas du tout, c'est le scénario qui (et cela m'arrache le cœur de le dire) est très mauvais. Pour résumer avant de détailler, j'en ai parlé avec un ami et celui-ci m'a sorti un court paragraphe très intelligent (fait rare que je veux souligné) :

"A lire certains commentaires, j'ai l'impression que le film a cherché à faire son "No Country for Old Men" niveau philosophie sans pour autant avoir l'intelligence et la maitrise du film des frères Coen (qui est un putain de film génial que je me suis remater il y a peu)".

Mais bon dieu qu'il a raison ce con ! Il vient de résumer ma critique et la suite de celle-ci alors quoi bon me casser le c$l à continuer ?! Par respect pour vous.

Hunter a tout compris, c'est ça le problème de Cartel. Il ne suffit pas d'avoir la matière première et la main d'œuvre adéquate, encore faut-sil savoir comment l'exploiter de manière intelligente. Ce qui est intéressant sur papier ne l'est pas forcément à l'écran, et vice-versa. Certes le scénario a d'excellente idées mais il ne suffit pas de les aligner pour que tout fonctionne automatiquement. Un exemple, beaucoup on reproché à Gravity d'avoir un scénario simpliste, certes, mais est-il mauvais ? Non. Est-il bien exploité ? Est-il bien construit ? Oui. Parfois se compliquer la vie en empruntant un chemin tarabiscoté juste pour faire classe, ne sert à rien. Ce n'est pas prendre un risque, juste tomber dans la facilité afin d'éviter de prendre le route la plus simple et la plus sûr parce que ce n'est pas soi-disant pas "cool". Et voilà LE PLUS GROS PROBLEME de Cartel, s'être donné un genre. Faire dans le nihiliste juste pour le nihiliste c'est débile, surtout quand tout est trop appuyé ou trop suggéré (parce que c'est mystérieux et que ça fait peur !!!). Pourquoi La Route est génial et Cartel non, outre que ce ne soit pas la même histoire. Parce que les thèmes abordés dans La Route sont expliqués de manière claire. L'histoire est simple : un père qui essaye de survive avec son fils dans un monde apocalyptique, et s'imbriquent parfaitement des éléments et des thèmes dures mais bien exploités. Tout le contraire de Cartel. Nous expliquer pendant plus de 15 minutes que ce qu'a fait le héros, va lui coûter des problèmes, avec des digressions inutiles, ça donne de très bonnes scènes mais ça ne sert à rien. Et du rien, il y en a beaucoup dans le film. Entre les scènes dont on ne voit pas l'utilité, avec des personnages à la psychologie inexploitée et dont on ne comprend pas la raison de leur présence (de toute manière on ne les voit même pas les scènes d'après ou d'avant), et des scènes aux dialogues ressemblant à des extraits de romans mal imbriqués, nous sommes servis dans la production de "rien" et de "temps perdu". Certaines sont pourtant excellente mais il y a un manque de cohérence les unes avec les autres. Quand il y a un mauvais scénario, il est difficile de réaliser un bon film. C'était le second nombre de mon équation, se nommant Cormac McCarthy.

Comme je l'ai dit et je le repète, il y a trop de scènes inutiles et de ce fait, Ridley Scott en oublie de traiter correctement la trame principale. Parfois, nous avons juste l'impression d'assister à des mini-scénettes avec une morale à la fin, mais c'est trop appuyé, pas naturel. Finalement, le film raconte quelque chose de simple : la descente au enfer d'un avocat qui a voulu s'essayer aux trafiques illégaux ; mais Ridley Scott et Cormac McCarthy le racontent de manière faussement compliqué, à la manière d'un Nicolas Winding Refn et son Only God Forgives.

Il en va de même concernant les personnages. Il y a 5 personnages principaux (Michael Fassbender, Brad Pitt, Javier Bardem, Cameron Diaz, Penelope Cruz) mais trop de personnages secondaires dont parfois, on se pose la question de leur utilité car leur psychologie et leur présentation sont trop sommaires. C'est la même chose avec les personnages de Michael Fassbender, Brad Pitt, Javier Bardem, Cameron Diaz, Penelope Cruz. A trop vouloir garder une part de mystère pour chacun, le spectateur n'éprouve aucune empathie. Pourtant leur interprétation est très bonne, surtout Brad Pitt et Javier Bardem.

Tout comme ma critique, la fin de Cartel est trop brutale, me faisant dire : "Tout ça pour ça."

Pour conclure,

Cartel est une énorme déception. Tout était réunis pour que la fête soit géniale et inoubliable, un excellent réalisateur (Ridley Scott), un grand écrivain qui s'essaye au cinéma,( Cormac McCarthy), un casting 5 étoile (Michael Fassbender, Brad Pitt, Javier Bardem, Cameron Diaz, Penelope Cruz), mais ce fut un désastre, une soirée à thème plus que manquée.
Manu_Guillaume
4
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le 17 déc. 2013

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mr. edward

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