Casablanca est souvent cité comme l'un des plus grands films d'amour de tous les temps. Bien que le couple Bogart/Bergman soit flamboyant à l'écran, je ne sais pas s'il s'agit d'une romance des plus émouvantes. Par contre, oui, c'est du romantisme avec tous les ingrédients essentiels : rupture, secrets, triangle amoureux, amour impossible, dilemmes.


Casablanca est la ville des retrouvailles et des ruptures. C'est ici que Humphrey Bogart, figure du héros cynique mais noble, retrouvera son amour passé, Ingrid Bergman, aux yeux larmoyants, témoins de son conflit interne. Bien que je trouve le jeu de Bergman assez vieillissant, le film avoisinant les 80 ans, elle reste étonnamment touchante et sincère. Bogart, quant à lui, interprète superbement un personnage subtil, hardi et admirable, un Schindler voilé, doué de répliques intrépides.


Tourné en pleine Seconde Guerre Mondiale, Casablanca est saupoudré d'un message patriotique intense ; on sent un besoin énorme d'espoir et d'évasion, et ce film y répond par un scénario écrit au fur et à mesure du tournage, un film qui avance donc dans l'ombre, au même titre que la guerre, alors en cours, à l'issue incertaine.


Étant donné que Casablanca a tous les attraits du film noir, la happy-end, au lieu d'être un cliché, devient un véritable coup de théâtre plaisant, et qui devait d'autant plus l'être à l'époque.


Étonnamment, ce qui m'a touché dans ce film, ce n'est pas tant l'histoire d'amour que l'aspect patriotique du film, qui provoque de véritables frissons notamment lors de la scène de la Marseillaise, où le chant tricolore se mêle d'abord à l'harmonie allemande avant de l'écraser totalement par la puissance solidaire des opprimés.


Casablanca est une romance assez stéréotypée, avec la mise en scène assez sobre, mais le contexte historique, l'accompagnement swing du pianiste et la magie de l'âge d'or d'Hollywood rendent ce film bouleversant ; il y a comme un je-ne-sais-quoi, peut-être une parfaite cohésion de l'ensemble, qui rend Casablanca plus profond et touchant que sur le papier.

Monsieur_Cintre
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le 5 oct. 2020

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