Une ambiance des mille et une nuits saupoudrée de la douceur des clubs Américains de ces années. Donc dès le début, ça pète la classe dans tous les sens. Et le maître de cette ambiance, c'est Rick.
Rick est mélancolique, cynique, désabusé, splendide. Le personnage est une mitraillette à répliques cultes. Il est au-dessus de tout. ça pourrait agacer, mais non puisque intervient Victor.
Victor est une sorte de miroir éclairé de Rick. Formés de la même matière, mais prenant des chemins différents, on voit vite que le véritable homme parfait ici bas, c'est Victor. Il a bien plus de mérite, bien plus de valeurs, et est un homme d'action.

Dans le contexte de la seconde guerre, on y retrouve ainsi les deux postures des résistants : celui qui l'accepte sans forcément l'apprécier ; qui se contente de laisser faire les choses sans les accepter... Rick est le symbole de l'homme qui a tout pour agir, mais ne fait rien.

Victor est l'inverse : bourré de valeurs, incapable d'accepter ce monde ; ses faits et gestes apportent conséquences. C'est un homme d'action. La différence des deux hommes se retrouve même dans leurs histoires ; pendant que Rick se contente de vendre des armes aux plus faibles sans s'engager physiquement, Victor subit les horreurs des camps de concentrations.

Perdue entre ces deux hommes à la fois si différents et si semblables, la belle Ilsa. Ilsa est l'espoir. L'espoir d'un homme qui lui donne la force d'agir, l'espoir d'un autre qui lui permettra de croire. C'est grâce à elle que Victor a la force de mener à bien sa résistance. C'est grâce à elle que Rick réalisera qu'il vaut encore la peine de se battre. A tel point que la chute du film correspondra à la première action directe de Rick.

Ce film presque Camusien peut être vu comme un symbole contre le cynisme et en faveur de l'acte. L'ensemble est si bien écrit et si bien travaillé (le travail clair-obscur est si bien foutue que je me sens sexuellement attiré par la lumière) ; malgré ses 70 années d'écarts ne font que le bonifier.

Le seul bémol serait le personnage du Capitaine, pourtant bon symbole d'opportuniste sur l'ensemble du film, qui perd d'un coup ce statut et ainsi toute cohérence avec ses derniers actes. Ca permet une fin sympatoche comme tout, mais ça reste fort dommage.

Mais bon ; le chardon ne devrait pas masquer l'ensemble du rosier.
LeCactus

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