Détenteur de nombreuses récompenses et connu de tous, Casablanca est problablement aussi connu que la ville elle-même. Je l'ai rencontré pour la première fois dans l'épisode "Chéri, fais moi peur" des Simpsons, et jusqu'ici j'ai toujours associé le film à un grand classique, mais surtout à la romance et la guerre. Ces univers m'ont longtemps indifféré, et puis je connaissais pas les acteurs ("justement, c'est l'occasion !" me direz-vous), mais tant pis : j'avais plus internet, le DVD coûtait un euro : je l'ajoutai à ma pile de "rares films pas dégueulasses" chez Cash Converters. J'en ai pris cinq : Edward aux Mains d'Argent, Amen, Casablanca, Johnny Mnemonic et Brazil. Je les ai regardés dans cet ordre, et donc après Johnny Depp, puis Kassovitz, j'attaquai Bogart.


C'est agréable, de voir de ses yeux à quoi ressemblait le Maghreb occupé. Quoi, c'était pas comme ça ? No shit. On y revient plus tard. C'est aussi mon premier film américain, en noir et blanc, à l'ancienne et tout, qui soit parsemé d'apparitions de la France. Délicieuse, cette Marseillaise entonnée par tout le Rick's Café pour répondre aux bruyants allemands, envahisseurs envahissant en vagissant. Rigolo, le fait que l'intrigue se tienne sur les correspondances privées de Charles de Gaulle, dont le visage est peint à côté de la (pas moins rigolotte) citation "Je tiens mes promesses, et même celles des autres". Dépaysante, cette audacieuse réplique en français au beau milieu du reste, quelque chose comme : "Z'avez pas honte de fricoter avec un boche ?".


Mais puisqu'on y vient : est-il bien réaliste, cet unisson anglophone ? Dans le Rick's Café Américain, pourquoi pas. Mais le vendeur du souk qui négocie en anglais, le chef de la police de Casablanca, et bien d'autres, ils étaient vraiment obligés de parler anglais ? Bon, je n'ai pas vécu là-bas, et encore moins à cette époque, mais c'est normal de pas entendre un mot d'arabe, vraiment ? Est-ce bien réaliste, ces passantes qui - alors que juste à côté d'elles un homme se prend soudainement une balle dans le dos pendant qu'il s'enfuit, regardent paisiblement le cadavre, qui galopait encore deux secondes plus tôt ? Sans sursauter, ni crier ? Y'a des figurants qui se sont vraiment foutus de notre gueule dans ce film. "Si pour li amiricains, jvi pa joui bien"


Pourtant il n'y en a une qui n'est pas figurante, mais qui m'a autant gêné. Les deux protagonistes s'étaient aimés à Paris, se retrouvent à Casablanca sans issue, dans un triangle amoureux dont l'hypoténuse est Laszlo (un bon gars, si si). Ingrid Bergman porte donc sur ses épaules le lourd poids d'un personnage complexe, tiraillé. Eh bien elle n'est vraiment pas bonne pour jouer la sentimentale assaillie de questions terribles. On y croit tellement pas, c'est des soupirs, des regards fuyants, mais ce n'est pas à la hauteur de ses amants. Trève de jérémiades. Tout ce qui se passe dans le Rick's Café m'a bien plu, les touches d'humour sont réussies, ça m'a donné envie de voir la pièce "Everybody Comes to Rick's", qui a inspiré le film. Et qu'est-ce qui a inspiré la pièce à ce cher Murray Burnett ? Un ami Belge qui lui a dit "viens on va à cette boite de nuit à Cap Ferrat". Il y avait un pianiste noir, et ça lui a suffit à penser "C'est parfait pour un pièce de théâtre, ça". Très bien vu, Murray. La pièce n'a jamais vu le jour et fut directement achetée pour le cinéma. Murray doit être fier : il y a des dialogues croustillants, des flash-backs gnangnan (parfait pour toutes ces femmes qui à l'époque adulaient Humphrey Bogart), mais aussi de la violence. En même temps, l'ambiance est toujours électrique... dans la case à Blanka.

Ginyu
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le 12 juin 2015

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