Appuie sur pause, je me concentre.
Un superbe film d'ambiance, contemplatif et amusant. C'est le genre de film bien décalé que j'apprécie d'autant plus que je n'en avais pas entendu parler. Le scénario vous cueille à l'improviste, entre fantastique et étrange, mais vous immerge complètement.
L'alchimie est particulièrement redoutable parce qu'elle s'appuie sur des gens très ordinaires et des acteurs criants de vérité et particulièrement poignants dans leurs rôles. Vous, moi, le voisin, le collègue de bureau, ces personnages pourraient au final être n'importe qui. Cette alchimie vous colle les yeux au fond du crâne avec une photographie magnifique et surprenante de maîtrise. Ce qui force d'autant plus le respect qu'elle ne tient qu'avec deux fois rien d'effets spéciaux et une bonne dose de rigolade. Le regard du réalisateur arrive en plus à éviter les écueils du voyeurisme pour sublimer le corps féminin, avec l'oeil d'un artiste passionné et rêveur. On voit donc LA femme telle qu'on aimerait qu'elle soit, chacun de son point de vue de spectateur, mais aussi dans la réalité morne et insomniaque de Ben, le héros presque malgré lui de l'histoire. Celle de ce peintre insomniaque et onirique, qui fixe la beauté dans des scènes du quotidien.
Le rythme du film est lent mais trépidant, car la lenteur du personnage n'a d'égale que la fébrilité de ses collègues et la grandeur de ses idées. On le suit dans ses déboires amoureux avec autant d'amusement que de grincements, car les situations très communes rappellent aussi nos échecs antérieurs, nos actes manqués. C'est marrant de voir comme ces situations sont universelles.
J'ai aussi adoré le côté communautaire et participatif de Cashack, à une heure où sonne l'individualisme à tout prix, Sean Ellis nous montre que même des individus excentriques et que tout oppose peuvent s'accorder dans un cadre particulier et dans une explosion de bonne humeur.
Il nous montre des gens qui luttent chacun à leur manière contre l'ennui, mais aussi leurs espoirs et leurs faiblesses. Ce côté très humain encore une fois donne une très forte accessibilité au film, qui bien que totalement barré, reste frais et amusant.
Chaque pause est un regard malicieux et plein de cet humour anglais, toujours à propos et là où ne l'attends pas. On a toujours le droit à une chute rigolote et à un clin d'oeil. La fin est pleine de poésie et dans la lignée du film, attachante. Certains diront un peu culcul, mais je préfère assumer mon ressenti "attendri et mignon".
Un regard donc définitivement frais et poétique, agréable penchant artistique d'une vie contemporaine où seule le Moi compte désormais. A découvrir de toute urgence si ce n'est pas déjà fait.