Scorsese et la roulette russe
Je ne voulais pas et pourtant la comparaison (les comparaisons) avec GoodFellas ("Les Affranchis") saute à la tronche.
Autant Martin Scorsese avait 5 ans auparavant crée ce qui correspond chez moi comme le sommet du genre, un chef-d’œuvre. Autant ici les 3 heures que dure le film me paraissent longues. La distribution des rôles ressemblent en tous points à celle des Affranchis. Robert De Niro, businessman qui ne se salit jamais les mains, Joe Pesci la brute qui flingue tout ce qui pète de travers, et Sharon Stone jouant la blonde pulpeuse, vénale, droguée, folle à ses heures et picoleuse. Personnage copier/coller de Lorraine Bracco dans GoodFellas. On est donc en droit de se demander si y a pas tromperie sur la marchandise à ce niveau.
Les scènes sont elles aussi trop empruntées au magnifique prédécesseur. C'est saisissant même dans la demeure qu'occupe De Niro. Le même type d'habitation fastueuse, blanche, avec une chambre à coucher aux goûts très douteux (tapisserie avec des fleurs, cuivres accrochés au mur,...).
Alors voilà c'est très embêtant car intrinsèquement le film est plutôt bon et connait quelques fulgurances qui donnent la possibilité au spectateur de ne pas s'endormir. Car 3 plombes c'est long surtout quand t'as des plans-séquences à répétition (perso j'aime pas les PS surtout quand c'est pour boucher les trous).
Là où Casino réussit son coup ce n'est pas tant sur le jeu des acteurs, mais les thèmes abordés en substance; à savoir le monde des jeux, la corruption, la politique (les deux vont de pair en fait), l'amour, la confiance, et l'amitié rompue.
Thèmes que l'on retrouve en totalité dans GoodFellas cela dit mais dans un contexte différent. Un contexte historique.
Ici point de contexte historique mais un crescendo qui va des années 70 à 80, retraçant la vie des personnages, leur évolution, leur ascension et fatalement leur déclin pour amener à leur chute.
Car, dès la scène première, l'on est mis au parfum. Boum. Une voiture explose. C'est celle de Ace Rothstein (De Niro). Puis déconstruction durant le film de ce qui amènera le spectateur à se demander le pourquoi du comment. Le problème réside dans la manière d'amener le sujet.
On se perd souvent en conjectures, en scènes inutiles et longuettes, des scripts qui frisent parfois le ridicule et qui n'apportent rien à la trame.
Comme je le disais plus haut, ce film travaille plus sur de la technique. Prises de vues dans le désert qui donnent une impression de huis clos à ciel ouvert entre De Niro et Pesci, les détails du casino, le fonctionnement, l'acheminement du fric, etc.
Les personnages manquent de volume, d'épaisseur et ce, malgré la distribution. Selon moi, seul De Niro (encore) sauve ce qu'il y a à sauver. Homme fier mais fragile dans son habit de mec élégant, classieux qui va se faire berner par une plantureuse blonde avide de pognon et de bling-bling. Berné aussi par son ami d'enfance (Joe Pesci) qui voudra façonner à sa manière la carte de Las Vegas, ce qui lui coûtera la vie d'ailleurs.
Les séquences sont trop prévisibles et malheureusement trop souvent pompées sur GoodFellas. Ça marche par à-coup mais à la longue l'on s'y perd. La violence n'a quant à elle pas la portée qu'elle avait chez le grand frère de 1990. Ici elle donne la froide impression qu'elle est ajoutée comme par nécessité scénaristique. Une espèce d'obligation.
Finalement, Casino n'est pas le film qu'il faut retenir sur ses tablettes en matière de gangster, trafics et magouilles en tout genre, mais presque uniquement une œuvre-bis (GoodFellas II ?) d'un Martin Scorsese qui aura misé sur les mêmes acteurs principaux pour des rôles similaires, sans la substance.
A noter un soundtrack finement choisi. Otis Redding, The Moody Blues, B. B. King, Little Richard, The Animals font partie de la liste principalement piochée dans les années 60.