Elle: "Rolex ?". Lui: "Omega". Elle:"Beautiful".

La qualité ultime du son et de l’image, fidèle au master d’origine. Le « Retour aux sources, dépoussiérage, lifting, modernisation, injection de vitamines » STUDIO. Je n’aurais pas mieux dit, donc je le re-écrit.
Ce James Bond nouvelle monture a surpris pas mal de monde, et mis tous les fans sur le cul. La scène d’intro est déjà culte. Bond vient de recevoir son permis de tuer, et inaugure cela par un combat violent dans les toilettes, (noir et blanc, contraste de circonstance), puis c’est une course poursuite athlétique entre Bond et une panthère noire. Du Michael Bay avec plus de nerfs. Gigantesque intro qui a marqué comme peu de préludes chez Bond. Depuis on essaie de refaire pareil, mais ça marche moins bien. Un vrai coup de poker ce Bond. Risqué, et calculé, donc sans risque. Coup de maître. Les connaisseurs ont soulignés la pertinence du truc.
Ce Bond est plus fidèle au personnage original du roman que tous les Bond précédents. Ils ont dits. Dont acte. Plus de gentleman, espion en costard, playboy pas très épais, superficiel voire idiot. Reformatage, et retour à zéro. Il devient blond, tout en muscles, mâchoire carré, sourire absent, machine à tuer, électron tenu en laisse par son boss M (Judi Dench). Libre ? pas du tout.
Et on nous fait un beef cake. Bond sort de l’onde en costume d’Adam, sur une plage des Caraïbes ; comme Ursula Andress l’avait fait des années plus tôt, dans le mythique Dr No. Une île, un objet sexuel masculin, clin d’œil à Dr No. Le statut des femmes à clairement évolué, signe des temps, celui de Bond a viré.


Le film d’action pour beauf, redevient un film d’espionnage grandeur nature, avec les moyens qui vont avec. Enquête à grande échelle, jeu et enjeux contemporains, sur fond de terrorisme à l’échelle de la planète. Argent sale, chèque de banque, millions en jeu, lutte entre services secrets (bons ou méchants, qu’importe) négociation, politique-fiction, et poker. Le méchant redevient enfin un alter égo digne de ce nom. Impressionnant Mads Mikkelsen : Le Chiffre. Salopard plus vrai que nature. A la hauteur de l’évènement, Mads.


Ce nouveau paramétrage Bond, fait du bien aux yeux et aux oreilles. Encore une DB5 sacrifiée…

Mais qu’est-ce qu’ils ont contre cette voiture ? Les femmes ? Ah..les femmes. Pas de JB sans femmes. Des femmes de tête comme Vesper (Eva Green), plus fonctionnaire BCBG que poupée gonflable, vénéneuse. Elles ont non seulement évolués, mais prennent carrément le dessus, les femmes. James est sous le charme, et tombe amoureux. Puis il y a un retournement de situation qui vaut son pesant de blockbusters…


Soudain on s’installe à une table, pour une partie de dupes, et de poker menteur. Casino Royale. Et je crois que Bond a sous estimé son ennemi. Ça non plus, ça ne lui arrivait pas avant. Comme quoi tout change.
Des dialogues soignés, riches, travaillés, « réalistes », qui font mouche. Exemple. Dans le train, Bond et Vesper font connaissance. C’est une joute verbale qui s’apparente à un jeu de séduction. Soudain, elle remarque sa montre. Elle demande :
Elle: « Rolex ? »
LUI: « Omega. »
Elle: « Beautiful ».
Même le placement de produit est rationnel, pensé et malin comme un singe. Maintenant vous savez que ce qu’il vous reste à faire, messieurs, si vous voulez séduire les dames comme Bond. Et vous mesdames, sachez que cela fait un moment que Bond ne porte plus de Rolex, donc si vous voulez mettre votre homme au goût du jour, offrez lui l’Omega série limitée Casino Royale. Par contre, faudra casser votre PEL (20 000 € quand même!). Mais bon, il faut souffrir pour être beau, n’est-ce pas ?


Une des plus belles scènes du film. Bond et Vesper sous la douche, mais pas pour faire crack crack, car ils sont habillés. Vesper est toute tremblante, terrifiée par un évènement qui choquerait n’importe qui. Deux meurtres, ultra violents, sanglants. Le statut de la violence, spectaculaire, poussé à l’extrême, est subtilement posé. Bond reste Bond, et a éliminé deux gars avec un sang froid de centurion romain. C’était lui ou eux ; elle a participé, c’était elle et lui, ou les autres. Et il s’assoit avec elle sous la douche, pour une minute de répit, sans une ride d’expression... Ça se calme soudain, pour repartir à nouveau. Faut pas être cardiaque, ici. Recadrage. Pour accélération.


La franchise redevient film d’action dramatique. Plus de contenu, moins d’humour foireux. La mise à jour continue…Et voilà qu’intervient la CIA, qui va lui donner un coup de main. Parce que Bond a beau ressembler à un tank indestructible, il rame un peu, et perd au jeu. Et pas de doute. Le final à Venise est grand. Bond est passé au haut débit, il était temps. Daniel Craig est le seul qui arrive à me faire oublier Sean Connery. Tous les autres sont des copycats. Vivement la suite. Luxueux, viril, physique, flamboyant. Poétique de magazine de mode, pour hommes modernes. Une page est tournée, et bien tournée.

Angie_Eklespri
9
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le 30 mars 2016

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Angie_Eklespri

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