Casino Royale
4.8
Casino Royale

Téléfilm de William H. Brown (1954)

Un excellent film d'espionnage, un bien piètre James Bond

1953: Ian Fleming donne naissance à James Bond 007, son héros célèbre dans le non moins célèbre roman Casino Royale. Source de l'ensemble des aventures de l'espion, il sera adapté 3 fois entre 1953 et 2006 et connaîtra de multiples variantes dans des réécritures d'épisodes des plus célèbres séries d'espionnage ou semi-espionnage comme Mission: impossible ou Le Saint (le pilote officieux d'Amicalement vôtre intitulé Le Roi des diamants).


1954: Hughes réalise pour la série Climax Casino Royale, un téléfilm en trois actes pour adapter le best-seller de l'année précédente. Cette adaptation, bien que disposant des droits du livre, sera rejetée par Ian Fleming.
Et pour cause!
Imaginez un James Bond américain faisant équipe avec Clarence Leiter, agent britannique pour affronter Le Chiffre aux cartes, Le Chiffre lui envoyant Miss Mathis pour le séduire. Bref, tentez de vous représenter un méli-mélo bondien où toutes les cartes - c'est le cas de le dire - sont mélangées à ne plus avoir d'ordre et où les spectaculaires attentats du livre - deux bulgares utilisent de faux appareils photo pour projeter des bombes sur lui - sont remplacés par une courte fusillade comique malgré elle - l'ennemi non identifié tire largement à côté et Bond se cache derrière une conne n'évitant que la peur, le mal ne pouvant lui être fait.
Rappelons que, dans le livre comme dans les autres adaptations, l'agent britannique James Bond joue au baccara contre Le Chiffre et est aidé dans sa mission par l'agent français Mathis et l'agent de la section S Vesper Lynd. Evidemment, le film n'a rien à voir.


Cependant, Peter Lorre, excellent acteur expressionniste (M le Maudit), ayant tourné avec les plus grands (pour Hitchcock dans de nombreux films et aux côtés d'Humphrey Bogart dans de nombreux autres, pour ne citer que cette partie de sa carrière) sauve totalement l'aspect bondien du film: il représente à ce jour la meilleure interprétation du terrible ennemi de 007, Le Chiffre. Plus proche que jamais du roman, à un ustensile près, il dépasse et Wells (1967) et Mikkelsen (2006) avec son air faussement contrit qui attire la haine du spectateur et sa violence suintante encore que contenue lors de la scène sordide d'interrogatoire dans une baignoire de l'une des chambre d'hôtel du film.


Le reste du casting dont on retiendra surtout Barry Nelson (Shining) alias Jimmy Bond, est excellent dans son interprétation rendant hommage plus au titre de la série Climax qu'au livre de Fleming.
L'ambiance est pesante, stressante, sombre à souhait et livre un sublime film d'espionnage à la façon des Bogart comme il y a peu. Cela, bien-sûr avec les moyens budgétaires télévisuels de l'époque.


Il faut donc y voir une lecture différente et originale de James Bond mais surtout un excellent film d'espionnage.
Ce n'est pas un James Bond, c'est son horrible défaut. C'est autre chose, c'est là sa grande qualité.

Frenhofer
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le 2 oct. 2015

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Frenhofer

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