Casse-tête chinois est le troisième film de Cedric Klapish sur les aventures de Xavier.
A la manière de Francois Truffaut et de son personnage Antoine Doisnel, Klapish, fait évoluer Xavier depuis une quinzaine d’année à travers les différentes périodes de sa vie (les années étudiantes, le cap de la trentaine, la crise de la quarantaine) en livrant des instantanés ancrés dans leur époque.

C’est donc avec plaisir que l’on allait retrouver Xavier à l’approche de la quarantaine. Xavier reste Xavier. Il est toujours aussi indolent, indécis et maladroit et court toujours après un sens des responsabilités qui semble le fuir ou qu’il ne saisit qu’avec parcimonie.

Désormais séparé de sa compagne, il part vivre à New York pour rester prêt de ses deux enfants. Il retrouve là-bas Isabelle (Cécile de France) , son amie gay de l’auberge espagnole ainsi que son amie Martine ( Audrey tautou) qui vient lui rendre visite. Il s’en suit une série de mésaventures rocambolesques et « vaudevilesques » entre les différents personnages, qui pour certains se sont assagis, quand d’autres n’arrivent toujours pas à grandir

Tout cela est mis en image avec les mêmes trouvailles de mises en scène, décalées et rigolotes que dans les opus précédents.
On se plait à retrouver les petits moments de tendresse et d’amitié qui faisaient le sel des deux premiers films tout comme être imbriqué dans les pensées de Xavier lorsqu’il se questionne ou qu’il analyse certaines situations incongrues.

Pourtant casse-tête chinois est un ton en dessous des deux films précédents. Il est clairement moins virevoltant et moins baigné par cette insouciance qui rendait drolatiques les défauts des personnages.
En effet l’approche de la quarantaine et la paternité rendent les travers des personnages plus désolants, qu’ils ne pouvaient être drôles par le passé.
Le film est aussi moins fédérateur. Les personnages de Klapish sont des bobos qui vivent désormais en vase clos. Le fait que l’action se déroule à New York n’y change rien et n’apporte plus le dépaysement, la fraicheur et les surprises des passages barcelonais ou russes des épisodes précédents. En vivant en vase clos, les personnages ne font plus les rencontres qui les sortaient de leur univers, ni les seconds rôles sympathiques qui rendaient les films particulièrement savoureux en raison des décalages qui s’en suivaient.

La « boboitude » assumée dans laquelle baignent des personnages de Klapish fait d’ailleurs le même effet que la pseudo modernité post « soicente huitarde » dans laquelle Antoine Doisnel se laissait emporter dans les films de Truffaut.
On a l’impression que les personnages subissent d’avantage leur époque qu’ils ne la vivent et finissent par tomber dans un conformisme nombriliste bercé de pensée unique pseudo provocante.
.
Le fait de revoir les films d’Antoine Doisnel en 2013 confirme ce sentiment. On les regarde aujourd’hui d’avantage comme le témoignage sociologique désuet et caricatural d’une époque vu par le prisme du pseudo modernisme militant de Francois Truffaut.
Il en ira de même pour Casse-tête Chinois lorsque le prisme bobo militant de Klapish subira l’épreuve du temps.
La musique, le look des personnages, la mise en avant militante du coté gay friendly (bien plus marqué que dans les épisodes précédents) sembleront aussi grotesques que les « pattes d’eph » et les postures gauchistes de Jean pierre Léaud dans les films de Doisnel.

Tout cela ne fait pas pour autant de Casse-tête Chinois un mauvais film car dans sa forme il est extrêmement bien fait, bien interprété. La patte du metteur en scène Klapish est bien là.
Même s’il essaie de faire passer le message contraire, ses personnages sont moins drôles, ouverts et insouciant qu’au paravent. C’est ce côté fédérateur, dénué de clivage, qu’apportait leur jeunesse que les personnages ont perdu et qui rendent le film moins sympathique que ces deux prédécesseurs.
ldekerdrel
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le 24 déc. 2013

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