« L'horreur fonctionne toujours sur une impossible résolution. Ce qui fait peur, ce qui est précisément horrible, c'est toujours une situation bloquée de laquelle, on ne peut pas sortir » Éric Dufour, Le Cinéma d'horreur et ses figures, Paris, Presses Universitaires de France, 2006

Si claustrophobie rime avec passages souterrains, desquels on ne manquera pas de citer The Descent (2005) par un ptit britannique plein de ressources, Neil Marshal, As Above So Below semble prédisposer le spectateur fétichiste adolescent, car ce sera en général, ce public peu évolué, "bête" (quoi? c'est l'expression qui veut ça: "âge...") qui peuplera les salles obscures, à être sur ces gardes, dans l'attente d'un jump scare loin d'être inattendu.

Et pourtant, il n'en sera que peu question! Le pitch est simple et agréable. Sherlock Holmes et le retour de la momie. Bon un petit peu pour les nuls, mais ce n'est pas un reproche. La collection des manuels ont permis à la vulgarisation d'instruire les plus néophytes, tout de même! Une étudiante passionné d'archéologie, d'alchimie et d'histoire semble avoir mis la main sur un trésor. Benjamin Gates a côté passe pour une chasse au trésor premier âge. Pensé pour être un traité touristique, le parisien moyen reconnait le décor, jusqu'à ce que l'on plonge de plus en plus profond. Les apparitions du passé semblent anecdotiques et pourtant très intrigantes. Elles auraient largement mérité une plus grande attention. Tout comme ces reproches personnels et ses culpabilités "enfouies", évacués, tartinés façon biscotte friable.

"Arrête, c'est ici l'empire de la mort" répète l'actrice principale en français et anglais (le doublage en français est inutile et abscons et pourtant pour l'ado de bas étage, on s'efforce de creuser en proposant une VF!!! preuve que l'on se fout pas mal de dénaturer l'objet premier pour quelques entrées supplémentaires) cette inscription sur le fronton à l'entrée des couloirs souterrains. On entre donc dans l'Enfer de Dante et sa Divine Comédie. Où est le paradis? Où est l'enfer? Sauf que ce qui nous est proposé, ce n'est pas l'univers gothique et brumeux d'Insidious de James Wan, ni les flammes démoniaques de Jusqu'en Enfer de Sam Raimi. Une succession de noir, pierres simili froides et polyester.

Ce qui est le plus dérangeant, voir nuisible, c'est le dispositif. Ne contribuant en rien à l'attente ou l'angoisse, il contribue au contraire aux incohérences et facilités liées au budget dérisoire. Pire encore, il supprime tous les effets qui auraient pu être spectaculaires si tournés façon caméra omnisciente. D'autant plus que le principe du found, c'est qu'on les retrouve. Alors soit, on adapte le dispositif pour n'en garder que la chair, la volonté immersive. Si seulement c'était efficace... Nous ne sommes pas vraiment avec eux, tant les ficelles du dispositifs sont mal cachées. Nous ne sommes pas vraiment en dehors tant la balade claustrophobique saccadée nous empêche de voir la lumière du jour. Nous nous retrouvons dans un entre-deux atopique n'existant sur aucune carte. Le purgatoire toujours selon Dante, l'ennui selon certaines attentes, un certain plaisir mystique (tant il est inexplicable) pour d'autres plus cinéphiles. La finalité donc atteint plus ou moins son objectif. Nous faire passer un bon moment, personnage d'un jeu d'énigmes égyptienne cheap et trop bon marché, à la recherche de pièces de puzzle pour enfants en bas-âge.

Mais il aurait pu être tellement plus efficace en soignant les détails individuels au travers notamment plus de dialogues construits et spontanés, les passés à recomposés façon whodunit agatha-christinien et surtout... surtout l'ambiance gothique, humide. Car c'est d'un paradoxe lié au dispositif que ce film déçoit: réalités documentaires, mais personnages de fiction façon Da Vinci Code et dialogues trop épars pour être spontanés / au cœur des événements, mais qu'on ne voit pas ou trop peu / une empathie basé sur les culpabilités, mais qui ne fonctionne pas car trop distillées...

En sommes le potentiel est d'une force peu commune, mais ravagé par des facilités qui contrebalancent sur tous les motifs premiers. Le message existentiel est compréhensible. L'intérêt en filigrane qui parfois, frappé d'un marteau en carton pâte atteint les sommets pour vite retomber au plus bas. As Above So Below réussit donc l'effort d'attribuer à l'attraction foraine, les sommets et les profondeurs. Un capharnaüm grotte-sque serait excessif à dire, une plongée de courte durée superficielle serait plus juste.
Léon_Leblon
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le 24 août 2014

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