J'aime beaucoup Mike Nichols, en tout cas, j'aime beaucoup ses débuts : Virginia Woolf, Le Lauréat... Et vu que dès 75 ça part en couilles, j'avais pas mal d'espoir pour son troisième, une comédie satirique de 1970 sur un type qui fait son possible pour échapper à la guerre...

Le livre de Joseph Heller semble avoir bonne réputation, le film, hélas, mérite bien peu d'éloges... Tout est en effet raté dans ce film : le terme dialogue de sourd prend ici un sens particulièrement agaçant, la narration est d'une lourdeur peu commune et la pesanteur du sujet nécessitait d'urgence une grande légèreté pour la faire passer... De la même façon, si vous voulez dénoncer l'absurdité de la guerre, je vous en prie, soyez abominablement logique, étourdissez nous de la plus grande rigueur, mais ne laissez pas ce salmigondis indigeste tenir lieu de récit.

Noyé sous un budget beaucoup trop gros pour lui, le film ne sait pas où donner de la tête, ne trouve jamais le bon ton, oscille entre la grosse farce graveleuse et les scènes gores, la dénonciation légère et le très glauque, le tout sans intelligence particulière.

Le casting n'aide pas vraiment, sorte de réunion de moulasses hideuses et disgracieuses. Déjà, Alan Arkin en tête d'affiche, c'est dur à avaler, mais le reste est de l'avenant : un Anthony Perkins suant en aumônier tremblant, un Art Garfunkel puceau en débile insignifiant, un Orson Welles obèse en général hystérique, l'hitchcockien Martin Balsam en sous-Ernerst Borgnine, un Jon Voight luisant en lieutenant-la-débrouille... Que du bien moche à l'horizon, mais sans le talent d'un Aldrich pour transcender tout ça... Martin Sheen est presque mignon, mais bon, son rôle est tellement insignifiant...

Le film fut oublié dès sa sortie à cause de la déferlante M.A.S.H., il semble gagner depuis une vague aura culte qui ne doit pas cacher l'incroyable gâchis auquel nous avons assisté ce soir, supplice très long qui plus est et qu'un final étourdissant de ridicule ne fait rien pour atténuer.

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le 21 mars 2012

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Torpenn

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