Le film réalisé par Arkady en 2012 à parti du roman de Yasmina Khadra, relate une tranche de vie en Algérie entre les années30 et l'indépendance dans les années 60 où se côtoient à peu près pacifiquement les différentes couches de population qu'elles soient musulmane, chrétienne ou juive, représentées dans une bande de jeunes, "amis pour toujours" qui tous aiment leurs pays et ne peuvent concevoir de vivre ailleurs.


Au début, c'est l'Algérie, pleine de poésie, de soleil et de mer, telle que j'ai pu la comprendre en lisant les ouvrages de Camus. Et puis, le poids des inégalités et des injustices exacerbent peu à peu les rancœurs jusqu'à l'incompréhension mutuelle. Et c'est l'histoire d'un amour pour l'Algérie qui devient impossible et qui se terminera dans le sang et le déchirement par le départ des pieds noirs. Le groupe d'amis décrits dans le film n'échappera pas à ce destin tragique. Comme devient impossible l'amour entre Younès et Emilie pour une raison qui reposera sur un non-dit, sur une promesse non partagée, en définitive sur une incompréhension et une impossibilité de communiquer. Les destins de Younès et Emilie ne sauront pas se rencontrer.


On croise dans ce film des destins magnifiques comme celui du couple de pharmaciens Mohamed/Madeleine ou de beaux visages tragiques comme la mère de Younès ainsi que le père de Younès.


Le film est une belle illustration du roman avec une photographie splendide et très lumineuse des paysages de l'Algérie ainsi qu'une bande son très émouvante entre les chants kabyles et le lied Marguerite au rouet de Schubert. Cependant, le film effectue quelques raccourcis (inévitables) du roman donnant un poids plus important à la romance entre Younès et Emilie. Peut-être trop important.


Côté casting, l'acteur qui joue le rôle de Younes, Fu'ad Aït Aattou, correspond assez bien à l'idée que je me fais du héros du roman, qui est un enfant puis un homme qui a toujours eu du mal à se situer entre Younes et Jonas, qui a vécu des jours heureux avec dans sa tête, l'obsession des jours malheureux. En l'absence de lecture du roman, le spectateur pourrait trouver le personnage mou. En fait, s'il parait aussi indécis c'est qu'il observe et comprend parfaitement les points de vue des uns et des autres.


Ainsi que Yasmina Khadra dans son roman, Arkady a mis beaucoup de nostalgie et d'empathie pour les différents personnages dont on devine que les mauvais souvenirs étant enfouis dans la mémoire, ne reste que les moments de bonheur. Comme dit un des personnages à la fin : "je n'ai plus les moyens de la rancune", l'heure est au pardon.

JeanG55
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le 19 juin 2020

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