CE QUI NOUS LIE (14,6) (Cédric Klapisch, FRA, 2017, 113min) :


Ce séduisant portrait familial viticole nous emmène en Bourgogne, près de Meursault, pour suivre le retour de Jean (frère aîné parti dix ans plus tôt du domaine), pour fuir la figure paternel et aller faire le tour du monde. Apprenant la mort imminente de son père, il retrouve sa sœur et son jeune frère juste avant le début des vendanges. Cédric Klapisch habitué à filmer les films de groupes et les décors urbains s'est mis au vert au milieu de la vigne pour nous offrir avec un rythme nouveau un long métrage sensible sur les liens fraternels, les racines, la transmission et l'héritage. Sa mise en scène réaliste fait corps avec poésie entre la nature et les humains à travers un récit assez consensuel au travers des 4 saisons (voix off explicative, flash back sur l'enfance). Mais le réalisateur opte avec justesse pour une caméra qui prend le temps de capter chaque caractère, prend le temps de déguster sans recracher toutes les aspérités de la terre et de la fratrie. Ce temps qui passe de manière lancinante rend cette cuvée Klapisch plus longue en bouche, donnant un millésime plus nostalgique qu'à l'accoutumée avec parfois une certaine acidité, où les rancœurs remontent dans la gorge pour finir par s'adoucir dans le palais et dans les échanges entre les frères et la sœur. Ce qui fait le charme de ce film se trouve sûrement dans la sincérité, la générosité et l'empathie avec lequel Cédric Klapisch filme ses personnages et son superbe trio de comédiens : l'émouvant Pio Marmai, la puissante et fragile Ana Girardot et le convaincant François Civil. Ce long métrage présente également tout au long de l'intrigue, un magnifique hommage documenté à la profession de viticulteur par les différents rituels de vendanges et d'entretiens des vignobles de Bourgogne, s'attachant avec amour au terroir comme on a rarement eu l'occasion de le voir dans une fiction. Mais comme souvent chez ce metteur en scène le projet manque d'ambition formelle et narratrice malgré le mélange habile de séquences émotionnelles et humoristiques à travers ce tendre portrait des liens fraternels empêtrés dans des soucis économiques dû à l'héritage et l'aspect sentimental du frère aîné. Venez vous servir de ce très bon cru qui ne manque pas de retour et dont chacun peut trouver un parfum intime dans Ce qui nous lie. Plaisant. Attachant. Touchant.

seb2046
7
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Créée

le 22 juin 2017

Critique lue 751 fois

8 j'aime

seb2046

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