Malgré la rondeur simpliste des clichés et des tanins sentimentalistes parfois trop forts, l'ensemble est plutôt agréable en bouche, bien structuré, avec un goût franc de terroir et des pointes discrètes de fruits exotiques. Un seul regret: en raison de sa légèreté et d'un manque notable de complexité, une trop modeste longueur en bouche, insuffisante pour que cette cuvée soit classée premier cru. Somme toute, l'un des meilleures millésimes de ce vigneron expérimenté.


Comme il nous avait déjà habitué dans ses meilleurs films, Klapisch excelle dans l'art de narrer et rend agréable notre cheminement le long du fil de l'histoire. Le récit est structuré par un bon équilibre entre mort et naissance, floraison et dégustation, départ et arrivée, dispute et réconciliation, le tout en harmonie avec le cycle des saisons. La mise en scène, plutôt simple, demeure toutefois efficace. Soulignons l'intelligence des parallélismes entre passé et présent symbolisés par Jean adulte et enfant qui dialoguent; l'audace du plan des trois frères sortant de la même branche paternelle; la subtilité du hors champ à l'hôpital; la beauté (déjà vue, mais pertinente) des saisons filmées en accéléré; le jeu sur la couleur, les corps et la perspective dans les vignes; …. Le tout desservant des idées louables: l'importance de savoir d'où l'on vient, le retour aux racines (même si certaines vignes doivent être arrachées un jour). Relevons aussi le parti pris pour la défense du patrimoine, des bons produits de la terre, de la protection de l'environnement, … avec un certain enthousiasme contagieux, un plaisir manifeste indéniable que le très bon Pio Marmaï parvient à transmettre.


Toutefois, de nombreux clichés jouant de simplicités sont à déplorer, comme la scène chez le notaire, le jeune gars de cité emmerdeur, la beuverie où tout le monde fait la paix (voire plus si affinités), la sœur qui comme par miracle emmène son neveu à la piscine pour que le couple puisse se raccommoder, la dispute pitoyable entre Jérémie et son beau-père,… . Par ailleurs, la réflexion manque de profondeur et les conflits, sans sombrer cependant dans un manichéisme primaire, s’accommodent de résolutions entendues.


Quoiqu'il en soit, à déguster sans hésiter, à l'aveugle pour les connaisseurs, qui seront reconnaître là ce qui fait le ferment d'un cinéaste confirmé.

Marlon_B
7
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le 25 oct. 2017

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Marlon_B

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