Cendrillon
6.5
Cendrillon

Long-métrage d'animation de Clyde Geronimi, Wilfred Jackson et Hamilton Luske (1950)

Cendrillon,qui a perdu sa mère, est élevée par son père,lequel va commettre deux erreurs monumentales.La première est de se remarier avec une véritable saloperie,elle-même veuve et flanquée de deux filles,la deuxième est de décéder prématurément,laissant ainsi sa charmante enfant à la merci de son ignoble belle-mère qui lui confisque la fortune familiale et en fait sa servante exploitée jusqu'au trognon.Mais tout pourrait changer quand le roi convie toutes les filles à marier du pays à un grand bal afin que son fils le prince trouve chaussure à son pied,ce qui n'est pas qu'une métaphore.Nous sommes là dans la grande époque Disney,celle des chef-d'oeuvres à la chaîne,quand Walt dirigeait lui-même sa société.Une énorme équipe de spécialistes de pointe de l'animation formée de techniciens habitués à travailler ensemble a été une fois de plus réunie.Il y a le dream trio de réalisateurs Clyde Geronimi-Wilfred Jackson-Hamilton Luske,une batterie de scénaristes qui comprend notamment Ted Sears et Joe Rinaldi,une armée d'animateurs de talents parmi lesquels on trouve Marc Davis,Ward Kimball,Wolfgang Reitherman,Ollie Johnston ou John Lounsbery,et c'est l'immense Ub Iwerks qui supervise les effets spéciaux. Cette prestigieuse réunion aboutit à un résultat exceptionnel.Des couleurs éclatantes,une animation fluide,une expressivité des visages remarquable,la présence en quasi relief des personnages à l'image grâce à l'effet de contraste cher à Disney,de très jolies musiques et chansons,le film est un régal visuel et auditif.Le scénario,plein de vivacité et d'inventivité,adapte le conte écrit par Perrault en 1697 et réécrit par les frères Grimm en 1812 en le traitant de manière humoristique sans perdre de vue le fond tragique de l'histoire.Parce que quand même cette pauvre Cendrillon prend cher et se voit totalement accablée par le destin.Orpheline,spoliée de son héritage,elle doit en outre subir la méchanceté de sa marâtre et des filles d'icelle qui la traitent comme une esclave.Ce qui n'empêche nullement la jeune fille de rester gaie et positive.Encaissant sans broncher les rebuffades et les avanies,elle trime comme quatre et accomplit tous les travaux ménagers.Pour se consoler,elle copine avec les animaux de la maison,les oiseaux,les souris,le chien,le cheval,à l'exception de l'horrible matou de sa belle-mère Lucifer,le bien nommé,qui est l'âme damnée de sa maîtresse.L'exploit du film est de garder l'équilibre entre drame et comédie,tout en évitant de faire passer l'héroïne pour une cruche.En effet,le moteur de l'histoire est l'injustice et cette fille qui accepte les mauvais traitements sans jamais se rebeller ni même paraître en souffrir pourrait aisément avoir l'air d'une idiote,ce qui n'est pas le cas tant sa gentillesse et sa douceur semblent naturelles.On a d'ailleurs le sentiment que c'est cette relative indifférence qui excite encore plus la belle-mère et les deux laiderons qui lui servent d'enfants.De fait,le comportement de la veuve est de nature obsessionnel et sadique.Elle ne veut pas seulement exploiter Cendrillon,elle veut la garder sous sa coupe pour pouvoir continuer à l'humilier en permanence,c'est son souffre-douleur personnel,elle a besoin de ça pour exister,sans qu'on sache vraiment quelle en est la raison.Peut-être la jalousie de la voir si belle et heureuse alors que ses filles sont moches et grincheuses,peut-être des tendances saphiques inavouées et refoulées qu'elle veut lui faire payer,allez savoir.Un beau cas de psychopathie névrotique quoi qu'il en soit.Pour le reste,la partie conte de fées est réjouissante et très enlevée,et le suspense est au rendez-vous,notamment avec les formidables scènes de la poursuite qui s'achève en transformation du carrosse en citrouille ou de l'essayage du soulier de verre.Il y a cependant des faiblesses dans la deuxième partie du film.L'apparition de la bonne fée-marraine qui résout tout magiquement par exemple.On n'a jamais entendu parler d'elle avant,on ne la reverra pas après.Comment est-elle devenue la marraine de Cendrillon?Pourquoi l'a-t-elle laissée subir tous ces outrages pendant toutes ces années sans intervenir?Mystère et boules de gomme.On a aussi le personnage du prince qui est particulièrement absent.On ne le voit que très peu,il prononce à peine quelques paroles,cet effacement n'aide pas à envisager son histoire d'amour avec Cendrillon.Et puis il y a cette fin abrupte qui tombe tel un couperet.Tous ces défauts sont contenus dans la seconde partie du film,comme si les auteurs avaient trop développé le script au début et dû ensuite bâcler un peu pour rattraper le coup et éviter de déborder car les dessins animés de l'époque avaient un métrage assez court.Dans le cadre de son actuelle campagne de remakes live de ses classiques animés,Disney a sorti en 2015 un "Cendrillon" réalisé par Kenneth Branagh.

pierrick_D_
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le 3 janv. 2021

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