En 1998, "Central do Brasil" pouvait annoncer un possible renouveau du cinéma brésilien… qui ne se matérialisa malheureusement pas : à partir d'un regard quasi-documentaire - la force de Walter Salles, qui venait de là, du documentaire -, "Central do Brasil" s'avérait une belle chronique d'un voyage de Rio jusqu'au Sertão, à la suite de deux personnages finement antipathiques. Malgré une fin en forme de mélodrame un peu plus convenu, une vraie lumière se dégage du film, dont le succès repose aussi largement sur les solides épaules de Fernanda Montenegro, actrice magnifique qui réussit ici à tuer dans l’œuf tout sentimentalisme dans sa relation avec l'enfant qu'elle accompagne. Grâce à elle, "Central do Brasil" évite l'écueil du film larmoyant (même si les larmes coulent abondamment !) et consensuel sur la recherche du père, mais se révèle être une observation attentive du réveil moral et émotionnel d'une femme qui avait peu à peu oublié de vivre. Soulignons aussi l'absence louable des stéréotypes habituels sur le Brésil (violence - encore que… -, samba, carnaval, plages et joie de vivre sont ici absentes) dans ce film important dans sa "brasilianité", puisqu'il offre dans sa dernière partie une peinture superbe du Nordeste - en particulier l'intérieur de l'état du Pernambuco - et de son peuple. [Critique écrite en 1998, et complétée en 2016]

EricDebarnot
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le 10 févr. 2015

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Eric BBYoda

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