Cercle m'a déconcerté et m'a posé de nombreuses questions. Déjà, c'est un film hors-normes, jamais vu, prenant le risque d'instaurer un huis-clos dans un espace inconnu et inquiétant, où une mystérieuse source élimine un participant situé autour toutes les deux minutes. On ne peut pas rester indifférent face à une telle proposition et je suis même déçu qu'on ait pas plus entendu parlé de ce film qui est sujet, je pense, à de nombreux débats et interprétations. Je considère Cercle comme une expérience, un sujet philosophique qui témoigne de la valeur terni des hommes pour la vie et pour les autres qui l'entourent. C'est violent, cruellement rythmé par des éliminations mortelles saccadées, et il me semble difficile voir impossible de rester à la surface premier degré de science-fiction. Il y a une métaphore, une analyse de nos propres tempéraments qui éclaire le tout et rend Cercle saisissant de vérité. Qui sommes-nous pour nous et pour les autres ? Quelle image se dégage de nous ? Sommes-nous bons ou mauvais ? Est-ce parce qu'on a fait de mauvais choix dans notre vie qu'on est forcément mauvais ? Est-ce parce qu'on est riche qu'on a plus d'importance que les autres ? Comment on se parle ? Comment on se considère ? En qui voit-on l'espoir ou l'envie de vivre ? Ces questions fusent sans qu'on ait le temps d'y répondre et on subit les pertes une par une, aussi injustes soient elles, en essayant, nous aussi, de comprendre les règles. Mais ce jeu de roulette russe n'a pas de logique, seulement une fin, à savoir un survivant. On repense alors au climat actuel, aux attentats, à la crainte et à la peur qui sommeillent en chacun en ce moment et on se sent impuissant, bête et fatigué de ces morts inutiles. Tout ça pour quoi ? Pour réveiller cette fébrilité et nous faire entendre notre incapacité à s'écouter et à vivre ensemble. Les 50 individus du Cercle ont des origines, des âges, des religions, des éducations et des sexualités qui les différencient et on voit que la première idée que l'on se fait d'une personne, c'est son apparence. Rentrent alors en jeu les personnalités de leader qui pensent gagner la partie égoïstement en dirigeant le groupe vers une solution probable. Les grandes gueules se font toujours entendre et les plus faibles se font toujours avoir ; sûrement une morale de l'histoire parmi tant d'autres. Vient aussi ceux qui se sacrifient pour l'ensemble ou d'autres qui jouent un jeu en mentant pour sauver leur peau. L'être humain est si complexe, ambiguë et imprévisible que ça en devient effrayant. Ca me fait penser, dans un tout autre genre, au documentaire Le jeu de la mort où des candidats se voient attribuer des coups de jus à une (fausse) victime dans un jeu télévisé simulé dans le but de gagner de l'argent. On ne s'écoute pas entre nous, on pense à notre peau avant tout et tant pis pour le reste. On est des menteurs, des manipulateurs et des profiteurs. Cercle le démontre très bien. Et puis tout simplement, j'aime ce film car pour une fois, je n'ai pas envie de parler de la réalisation ni des acteurs, mais ça me parle de tellement de choses et ça me trotte dans la tête depuis que je l'ai regardé ! A voir et à méditer donc !