Pas grand-chose à reprocher à cette comédie généreuse, sinon que je ne suis définitivement pas le public cible. J’ai toujours eu du mal avec le comique de situation, voir des mecs se planquer sous la table des tueurs qui les recherchent, ou des gars virils jouer à Daffy Duck en essayant d’embobiner leur monde avec des pelotes de laine en guise de poitrine, ça me fait tout juste sourire.

Je reconnais néanmoins à Certains l’aiment chaud son audace thématique, sa mise en scène solide qui permet à Wilder de faire se côtoyer le burlesque et la tragédie noire (la mise à mort dans le garage qui suit l’entretien vaudevillesque des musiciens) ainsi que son énergie folle déployée par des comédiens qui sont à leur place. Sans oublier la sensualité troublante de Marilyn, dont la réputation est plus que légitimée par ce genre de rôle pas si évident à composer. J’ai même dû raisonner mon visage quand il a étrangement été pris d’une envie de rigoler —damn !— au moment où les joueuses de flûte envahissent la couchette de l’un des pauvres arnaqueurs mélomanes ou bien encore quand un faux milliardaire rembarre un gamin capricieux qui ne veut pas quitter son château de sable.

Mais rien à faire, il me manque d’autres scènes de cet acabit. Sur la distance, je finis par trouver le temps un peu long. Devant les élucubrations des deux travestis d’un jour qui jouent leurs rôles respectifs d’arnaqueurs de luxe en bord de mer, mon intérêt retombe, sans doute parce que la présence mafieuse qui équilibrait la première partie tarde à venir pimenter la tambouille comique de Wilder. Et quand bien même cette dernière s’invite enfin dans l’hôtel, je trouve que le tragi-comique fonctionne moins.

La dernière ligne de dialogue fait cependant mouche et résume à elle seule l’intelligence du film dans son propos. Certains l’aiment chaud est un moment sympathique, qui ne vole aucunement son statut de comédie classique. Je serai le premier à la conseiller à mon entourage, tant cette bobine peut plaire à tous les amateurs, même exigeants, de comédies bien troussées.

Il faut simplement aimer se laisser embarquer dans des farces un peu grosses. Comme j’suis pas un marrant —j’suis même un peu chiant, je l’avoue—, que j’aime pas les gens heureux, et bien je mets un petit 7.

A l’échelle de la comédie populaire, ça mérite sans doute plus, en tout cas pas moins, mais hey, on s’refait pas.

oso
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le 19 sept. 2022

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oso

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