Thriller lorgnant sur la SF, The Boys from Brazil est basé sur un roman de Ira Levin (responsable de la dystopie This Perfect Day) – auteur américain extrêmement influent (à l'origine aussi de Rosemary's Baby), en mesure de fabriquer des romans dont les droits d'adaptation pour le cinéma étaient vendus avant la publication du texte. Il relate un projet de 4e Reich porté par Mengele himself, mis au goût du jour et toujours épris de manipulations génétiques. Avec ce film tiré par un trio prestigieux (Peck, Laurence Olivier et Mason), de gros moyens et un tournage international (USA, Angleterre, Autriche, Portugal) sont mis au service d'un postulat déluré, digne d'une fantaisie bis (jouant sur les fantasmes et notamment l'existence réelle de nazis planqués en Amérique latine).


Le résultat est une sorte de film d'espionnage ménageant le mystère, comme tous ses protagonistes – à défaut d'avoir des stocks suffisants d'adrénaline ou de loufoqueries à écouler. Les 'exploits' sont trop rares et donnent l'impression d'un programme engourdi. Les ambitions sont fortes, le grand-guignol omniprésent (les femmes nazies sont toutes des dindes hideuses) mais timoré (ce bal tournant au ridicule à cause du despotisme de Mengele est expédié) ; sûrement une faute, car une fois les cartes abattues, l'effet est charmant ; également une façon de ne pas exploiter cette manne sulfureuse, en laissant une fin ouverte à des suites rocambolesques. Le personnage de Bobby (un des 94 clones) est tardivement exploité mais consume déjà son énorme potentiel – un petit carnassier robotisé par sa grandiloquence, restant humain et capable de faire illusion (contrairement à l'armée du Village des damnés). C'est donc un film paradoxal, flanqué de qualités vénérables et de ressources immenses (prises de vue remarquables en montagne), mais comme intimidé par ses propres forces et ses audaces 'a-priori'.


Laurence Olivier (49e parallel, Rebecca, Le Limier), malade pendant le tournage, s'est donc surpassé pour parvenir à fournir cette dégaine hiératique. Cette performance (de chasseur de nazis nommé Ezra Lieberman) lui vaut le prix du meilleur acteur de la National Board of Review en 1978 ; façon de saluer un vieux ponte (Laurence fut premier directeur du Royal National Theatre (1963-73) situé à Londres). Il venait alors de jouer le nazi poursuivi par Dustin Hoffman dans Marathon Man (1976). Gregory Peck (Du silence et des ombres, The Omen) est plus flamboyant dans la peau du richissime Mengele, dont le véritable exemplaire vivait alors à Sao Paulo (et est mort quelques mois après la sortie du film – février 1979). Le réalisateur Schaffner (Patton, Papillon, La planète des singes), qui sortait alors d'une adaptation d'Hemingway (L'île des adieux), signe ici son dernier franc succès, où répond encore présent son collaborateur Jerry Goldsmith – un des compositeurs en chef de la SF anglo-saxonne (de La Quatrième Dimension à Star Trek).


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le 28 juin 2016

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