Père de famille
Comment regarder un film aussi juste, et aussi dur que "Ceux qui travaillent", quand on a soi-même eu un parcours professionnel de cadre, qu'on a été (et reste) soutien d'une famille, et qu'arrive...
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le 29 sept. 2019
36 j'aime
1
Le thème de ce film est trop grave pour que ses éventuelles qualités esthétiques fassent monter sa note. Il s'agit d'une œuvre intelligente et dérangeante dont on sort avec un sentiment d'accablement et l'on ne peut pas s'empêcher de penser que le réalisateur aurait pu diffuser un message un peu moins sombre à partir du même sujet de départ. Régulièrement pointé lors des grandes catastrophes telles que les marées noires, le milieu du fret maritime qui gère la circulation mondiale des marchandises sert de cadre à ce drame. La recherche du profit maximum et le contournement des lois règnent en maîtres sur les acteurs du secteur. Antoine Russbach en profite pour décrire les rouages d'un crime presque parfait dont le mobile est un calcul économique et l'instrument un cadre supérieur grassement rémunéré. Dans le déroulement du film, ce dernier, menacé dans sa position avantageuse, passe subrepticement du statut de commanditaire d'assassinat à celui de victime au nom de l'empathie pour celui qui souffre. Quant à la victime initiale, on ne la verra jamais. En choisissant de faire porter le crime par un personnage d'une vraisemblance indiscutable (un gros " travailleur " parti de rien parfaitement incarné par Olivier Gourmet) le film s'attache à insinuer que nous sommes tous coupables car nous sommes tous dans ce " système " (puisque nous consommons les produits livrés par les porte-containers) et que pour quelques (dizaines de milliers) de dollars de plus n'importe lequel d'entre nous s'abaisserait à devenir complice d'un assassinat à distance. Le problème c'est que si tout le monde est coupable, personne n'est coupable. Et vogue la galère...
Créée
le 14 oct. 2019
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