Maria, professeure de droit à Paris, enchaîne les aventures, attirée par la jeunesse de ses étudiants autant que par leurs noms extravagants, sa dernière conquête en date étant Asdrubal.
Quand son mari Richard l'apprend, il ne comprend pas les infidélités de Maria, pour qui ces aventures sont intrinsèques aux couples qui durent et ne remettent pas en question le leur. Sans rien dire, elle part s'installer à l'hôtel en face, dans la chambre 212, celle disposant d'une vue parfaite sur leur appartement.
S'ensuit un traitement fantaisiste, psychologique et théâtral de la crise du couple. Maria, dans sa retraite nuptiale, est à la fois loin de Richard et sa plus proche voisine. Plus encore, elle va le retrouver dans une chambre adjacente, à l'âge de leur rencontre, il y a 20 ans. Parmi les invités incongrus de l'hôtel, on compte aussi la professeure de piano et premier amour de Richard, la mère de Maria morte il y a quelques années ou encore sa propre volonté, drapée d'un peignoir léopard.
La lassitude, le temps qui passe, la fidélité: Maria tente de dresser l'état des lieux de ses sentiments en dialoguant avec ces personnages. En ce sens, Christophe Honoré propose une introspection dans un lieu on ne peut plus impersonnel. Il dépeint la familiarité des relations dans un décor traditionnellement lié à la froide indifférence.
De surcroît, le film réussit le tour de force de rendre la situation proprement réaliste justement grâce aux éléments irréels. Il poétise une situation banale et donne au thème de la dispute du couple un ton poignant et inédit, d'autant plus que le couple est formé et joué par Chiara Mastroianni et Benjamin Biolay.
Au reste, tous les acteurs participent de la magie réaliste, de la touche décalée et de l'ambiance légère mais juste du film.
A en avoir des envies de réserver nous aussi une chambre dans cet hôtel. Afin de se (re)trouver. Dans la chambre 212.