Ayant surpris tout son monde avec District 9, véritable ovni cinématographique au succès généralisé (critiques comme spectateurs), Neill Blomkamp doit faire face, depuis lors, au difficile exercice de la confirmation. Désormais sous le feu des projecteurs et ne bénéficiant plus de l'effet de surprise, chaque projet qu'il sort souffre indéniablement de la comparaison avec son premier succès mérité. La difficulté est d'autant plus relevée dans la mesure où le brillant réalisateur sud-africain reste dans le même registre cinématographique à savoir la science-fiction.


Comme bon nombre, j'avais été particulièrement stupéfait par son premier projet et tout naturellement mon attente était grande s'agissant d'Elysium. Pourtant, ce dernier m'avait laissé sur ma fin, sans pour autant me décevoir, puisqu'il m'a parut dépourvu d'ambition et au final assez commun en dépit de la signature du réalisateur à plusieurs égards. Dans ce contexte, c'est avec enthousiasme et en même temps avec crainte que j'abordais son troisième projet affublé du sobriquet Chappie, un brin ridicule tant le jeu de mot est tentant.


Dans Chappie, Neill Blomkamp se focalise sur un sujet maintes et maintes fois abordés avant lui, et ce, notamment, par les plus grands (A.I Intelligence artificielle de Steven Spielberg ou 2001 : L'odyssée de l'espace de Stanley Kubrick pour ne citer qu'eux) qu'est l'intelligence artificielle. Il était donc aisé que Blomkamp s'y casse les dents et s'attire les foudres des aficionados.


Pourtant, à mon sens, il relève parfaitement le défi. D'abord parce qu'il y apporte son cachet en particulier un univers délabré et ultra policé inspiré des bidonvilles de Johannesburg ainsi que la mise en perspective d'une industrialisation robotique. Sur cet aspect, certains y verront une forme de redondance. Pour ma part, je vois en cette récurrence un moyen, pour le réalisateur, d'utiliser le médias qu'il a entre les mains afin de défendre un sujet qui lui tient à cœur puisque se déroulant au sein de son pays. L'univers dans lequel les protagonistes évoluent, bien que fictif, n'en est pas moins, malheureusement, proche de la réalité ce qui permet à Neill Blomkamp d'en dénoncer l'existence.


En ce qui concerne le casting, il est selon moi en demi teinte en ce sens que ce n'est pas nécessairement les noms les plus clinquants qui crèvent l'écran. En effet, les têtes d'affiche que représentent Hugh Jackman et Dev Patel m'ont paru un cran en dessous des seconds rôles tenus par les membres du groupe Die Antwoord. Pour le premier, peu habitué à me décevoir, son rôle d'ingénieur mégalo ne m'a pas réellement convaincu. Pour le second, je l'ai trouvé beaucoup trop dans le cliché en informaticien surdoué.


La bonne surprise vient donc du duo de rap-rave originaire d'Afrique du sud. Ceux-ci, avec leur look déjanté, atypique et coloré, ajoute une dose de fun dans un environnement hostile. Un choix judicieux qui ne fait toutefois pas d'ombre au personnage éponyme qui a à la fois rien et tout d'un humain. Rien d'humain dans le sens où, visuellement, ça reste une bonne vieille carcasse métallique alimentée par des circuits électroniques. Pourtant, Chappie, grâce au génie de son concepteur, a tout d'un humain et c'est là le tour de force réussi par Blomkamp d'être parvenu à humaniser un robot sans user pour cela d'un tissu humanoïde. Par son comportement, sa gestuelle, ses réactions face à diverses situations, Chappie en devient attachant et tellement humain par voie de conséquence.


Enfin, pour ponctuer des passages qu'on pourrait juger parfois trop calmes, Chappie n'échappe pas à une pointe de divertissement sauce Michael Bay pour remplir le cahier des charges de tout blockbuster qui se respecte. Aux affrontements entre la pègre locale avec les forces de l'ordre robotisées, s'ajoute un combat déséquilibré mettant en scène un mécha surarmé qui, bien qu'un chouia "what the fuck !!!!???", s'avère assez jouissif.


Ainsi, avec Chappie, Neill Blomkamp marque un peu plus son emprunte sur un genre SF qui avait bien besoin d'un peu de renouveau. Je suis désormais curieux de voir ce qu'il va faire de la franchise Alien puisque la 20th Century Fox lui a confié la réalisation du 5e opus de la saga.

Strykost

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