Avec Chappie, Neill Blomkamp délaisse temporairement son sacro-saint humain augmenté pour s'abandonner dans une candeur punk aussi revigorante que touchante, faisant se souder l'innocence et la subversion dans une ode aussi légère que cruelle à l'intelligence (pas si) artificielle. Chappie, dont les pixels de sa carapace se fanent, est fermement imposé comme un personnage fort, petit gamin éduqué dans un monde à l'ultra-violence sans limites, figure de titane dont le crépuscule des émotions et la torture du métal tournent parfois au traumatisme. Révélation matricielle et piétinement carriériste forment une pyramide de naïveté entre les lignes du scénario, mais leur flux nourrit les filaments d'une radicalité presque Verhoevienne. Car, même si la subtilité y semble défaillante, le film fonctionne par le choc de ses contrastes et l'interaction des extrêmes, l'éducation et l'insurrection, la délinquance et la parentalité, l'épique et l'irrévérence, l'humour et les sacrifices, le palpable et le digital... un sac de nœuds qui ramène Blomkamp à ses questionnements fondamentaux lors d'un dernier acte aussi audacieux que bâclé, quantification vidéoludique de la conscience ne faisant qu'appuyer à échelle intime l'échec désespéré d'un monde qui pousse l'innocence à la marginalité. Fable rebelle sur la croisée des chemins entre Wall-E et Robocop, Chappie est une initiation aussi désespérée qu'underground qui émoustille les yeux comme les émotions.

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le 7 mars 2015

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MaximeMichaut

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