Juste après Le Kid, premier essai de long métrage puisqu’il durait soixante minutes, Chaplin se replie à nouveau vers le court métrage (et ce sera son avant-dernier) pour nous donner ce Charlot et le Masque de fer, titre français astucieux qui fait référence à la deuxième partie du film mais ne prend pas en compte l’idée originale avancée par le titre anglais : The Idle Class, la classe oisive… C’est en jouant sur cette ambiguïté que Chaplin va construire son film, la classe oisive pouvant désigner en effet aussi bien les rentiers que les demandeurs d’emploi (traduction exacte de tramp qui ne signifie pas vagabond comme on le croit trop souvent). La première partie joue sur la notion de méprise, essentiellement à travers une séquence de golf hilarante où l’auteur rafraîchit son registre d’effets comiques. Puis, en échappant à un policier, Charlot se retrouve dans une réception où il va se révéler être le sosie du mari (riche et alcoolique) d’Edna Purviance. Sur cette trame, le film aurait pu constituer une véritable satire sociale (comme le sera L’Opinion publique deux ans plus tard) s’il n’avait pas été limité par le format du court métrage (trente et une minutes seulement) impropre à exprimer tout ce que Chaplin voulait dire ici, comme en témoigne la fin, expédiée et décevante. C’est donc un film de transition, essentiel dans la compréhension de l’œuvre de Chaplin, intéressant à plus d’un titre malgré son état en quelque sorte inachevé.
Maqroll
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le 10 juil. 2013

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