Les critiques de ce film parlent beaucoup de la ressemblance avec Quelques minutes après minuit.
Moi je n'ai pas vu Quelques minutes après minuit, donc je ne sais pas juger. Par contre j'ai vu Donnie Darko, et c'est avec ce film que je trouve une ressemblance, ou plutôt une sorte d'effet de miroir, du moins dans la façon dont je l'ai ressenti. A savoir que, sur ces deux films, je trouve qu'il y a plein de défauts, certains aspects très caricaturaux, mais les personnages sont tellement cools que je n'en ai rien eu à foutre des défauts quand je les ai visionnés. Je me suis complétement fait prendre dans le film.
Ce qui m'a marqué, c'est qu'après avoir vu le film, j'ai réalisé qu'à part le mari de la psy - et les géants ? - qu'on ne voit que dans une seule scène très courte, et les frères de Barbara, il n'y a quasiment aucun homme dans ce film, ce qui est singulier. On ne voit pas ça tous les jours, et pour le coup j'ai trouvé ça très appréciable, parce que ça change ! Après, c'est peut-être une façon de pousser un propos féministe ? Ou c'est moi qui y voit faussement un propos féministe ? Ou peut-être que c'est une vision du féminisme tel qu'il est imaginé par les hommes (le réal est un homme pour rappel) ? Grmpf ... Même problème qu'avec Mad Max, difficile de juger. Je suis embêté, parce qu'en mettant l'accent là-dessus, j'ai l'impression de chercher une sorte de caution féministe à un film qui ne l'est peut-être pas du tout.
Bon, en tous cas, personnellement je trouve que ça fait du bien de voir un film qui montre des personnages féminins forts, autonomes, mais ayant leurs faiblesses, leurs incohérences, leurs irrégularités. Ça les rend crédibles, et je me suis complétement fait prendre dans l'histoire, malgré son côté tire-larme, surtout vers la fin, que j'ai trouvé assez lourdingue. Il y a un côté teenage-movie qui ressort, en particulier avec le cliché de la bully qui sème la terreur dans la classe, qui est l'ennemie de l'héroïne, et va même de servir de sa meilleure amie contre elle (tellement classique ...), mais même ce personnage est montré avec beaucoup de bienveillance. Ce n'est pas juste une caricature de méchante / némésis purement fonctionnelle, on sent que c'est aussi, comme les deux personnages principaux, une gamine qui en chie dans la vie, et qui fait ce qu'elle peut pour supporter son existence. Je trouve tout de même assez dommage que le personnage ne soit pas plus approfondi, qu'il n'y ait pas de volonté de comprendre pourquoi elle se comporte comme ça, alors que ça serait, pour le coup, vraiment intéressant, et ça parlerait plus profondément de ce que c'est d'être ado / pré-ado.
Le faible nombre de personnages masculins incite à analyser les raisons d'être de leur présence. Perso je trouve qu'ils représentent fortement l'ennemi au sens large, l'adversité :
- Les géants : l'ennemi à combattre, assez évident,
- Le patron de la grande sœur de Barbara, auprès duquel cette dernière doit se justifier pour ne pas perdre son taf,
- Le frère de Barbara, qui est ... un putain d'enfoiré d'ado branleur et casse-couilles - mais qui subit la situation tout autant qu'elle, juste ils essaye de s'en échapper différemment,
- Le mari de la psy, qui n'est pas un ennemi en tant que tel, mais que moi je perçoit comme étant un élément qui éloigne la psy de Barbara, en apportant une contrainte - la maternité et le foyer, en plus du fait qu'évidemment il ne peut pas comprendre ce qu'il est train de se passer. Donc il est un ennemi à son corps défendant.
Vraiment j'ai l'impression que tous les personnages masculins sont néfastes dans ce film. Ils représentent la violence et la destruction (les géants), la domination (le patron), l'incompréhension et la coercition (le mari), l'incurie et l'insensibilité (le frère). HAN ! Payes ta sur-interprétation :p
Oui, bon, ok, probable que j'ai envie de voir tout ça, que ce n'est pas l'intention du film. Je ne sais pas.
Néanmoins, mon côté bisounours a envie de croire qu'il y a une volonté de proposer un modèle inspirant aux petites filles, un personnage fort, autonome, fier, libre. Loin des clichés qu'on nous ressort encore régulièrement, loin du conditionnement patriarcal encore malheureusement très présent dans les institutions, qui relèguent les filles au statut de subordonnées, victimes, inférieures, je suis heureux de voir un film qui propose une autre voie.
Et comme pour Donnie Darko - on y arrive - je suis heureux de voir un film qui présente des personnages atypiques qui ne soient pas des caricatures, qui parle de ce que c'est de ne pas être dans la norme, et surtout qui soient des gens comme les autres. Je trouve ces personnages beaucoup plus inspirants que les super-héros, réels ou imaginés (pour moi les biopics ne sont rien d'autre que des films de super-héros).
Je me branle des Bruce Wayne, Clarke Kent, Tony Stark, Freddie Mercury, Steve Jobs ou je ne sais quelle autre célébrité. Ceux qui m'intéressent, c'est Donnie, Barbara, car ils nous disent des choses bien plus intéressantes, sur l'humanité et sur nous-mêmes.