Voilà tout ce dont nous avons besoin : rire, danser, aimer pleinement, saisir les moments précieux, les opportunités, s'embrasser dans des champs de tournesols, ne pas se soucier du désordre, lever le coude avec un ami très cher : célébrer la vie avec ceux qui comptent, tant qu'ils sont encore là.


Je n'avais jamais rien vu de Kusturica et je dois dire que je suis très heureuse d'avoir fait le voyage. Chat noir, chat blanc, c'est un joyeux bordel, un monde foutraque, farfelu, fou, coloré, survolté porté par une musique entêtante, entraînante qui est un véritable hymne à l'allégresse de vivre.


J'ai perçu dans ce film un matériau culturel hétéroclite brillamment réapproprié et réinterprété par le réalisateur : ruses héritées de la très populaire Commedia dell'arte, farces inspirées des comédie de Molière n'hésitant pas parfois à frôler la vulgarité ou la scatologie (la chanteuse et son talent caché, Dadan qui finit dans la fosse à purin), comique de situations dignes de Beaumarchais (la mariée qui se glisse dans un carton - puis dans une souche d'arbre- pour se déplacer "discrètement", Zare qui se cache sous les jupes de sa bien-aimée, les multiples chutes et glissades), détails scénaristiques à rapprocher de l'univers du conte (les deux chats, la chaussure oubliée sur la route...) : on l'aura compris, les influences sont nombreuses qui viennent nourrir un scénario qu'on dirait monté sur un ressort (d'ailleurs, on entend le son!) tant il est dynamique et ne s'arrête quasiment jamais.


Passées les premières minutes à s'habituer à l'univers crasseux, teigneux et souvent idiot de Matko et sa bande, on se laisse prendre au jeu et à la gaieté généralisée qui file l'ensemble de ce film, véritable feel-good movie gitan qui nous ouvre à un univers assez méconnu.


J'ai particulièrement ri à la danse techno incessante et ridicule de Daran (et son Pittbull.... Terrier !), j'ai aimé les manigances de la grand-mère qui oeuvre en douce pour les amoureux (encore un écho à la comédie classique) et le surréaliste revirement final qu'on accepte avec joie : bref, Chat noir, chat blanc est une excellente comédie, riche, singulière et résolument optimiste.

BrunePlatine
8
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le 26 avr. 2016

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