Le refoulement de la nature humaine, l'artificialité à l'état pur, l'autodestruction par le mensonge. C'est ce qu'est la réligion monothéiste aujourd'hui et avec d'autant plus de superbe que pour échapper à ces maux, le religieux doit renier en parti sa propre croyance.
Dans le cadre du fondamentalisme religieux, Maria, 14 ans, voit une ascension fulgurante vers Dieu. Esquivant le péché, cherchant à faire le bien, au sens le plus béat du terme, elle suit rigoureusement la voie du Christ dans les 14 tableaux que constituent sa passion.
Le film est terriblement juste, avec des dialogues percutants, fonctionnels et qui en disent long sur ce qui se trame dans l'univers ultra-catholique de cette jeune fille. Mise en scène sobre et efficace, par exemple quand le prêtre catéchiste parle de ceux qui sont dans l'ignorance en écoutant de la musique satanique et montre du doigt de façon tout à fait crédible un "pécheur" imaginaire : nous.
Ou le miracle de fin, qui n'est au final qu'un artifice de cinéma pour narrer en hors-champ ce qui se passe dans le lit d'hôpital. La mécanique est superbe car ce que les personnages voient comme un miracle n'est vu par nous que comme un hasard apporté par le réalisateur afin de narrer son histoire dans la continuité du style qu'il s'est imposé. Et donc de transformer le miracle en simple banalité produite par le hasard.
Le film est oppressant, écrasant. Il a suscité mon empathie, il a éveillé ma colère, il m'a parlé. Car Maria est dans la souffrance et cette souffrance est d'autant plus terrible qu'elle cherche à se guérir en s'enfonçant dans la souffrance. C'est une spirale de l'horreur qui a un nom : la foi religieuse. On peut avoir la foi, mais la nature dogmatique de la religion est étouffante de par sa bêtise, son déni de l'homme (son anti-humanisme) et le film le montre.
Oui, je sais, c'est du fondamentalisme etc... mais son fondamentalisme, qui est une caricature dans le film, est composé de toutes les mécaniques d’oppression religieuse, dont la croyance religieuse se doit de se constituer au moins partiellement.
Au delà du simple fait de faire de la morale anti-religieuse, je tiens juste à dire que ce film a un propos, et qu'il le maîtrise complètement, et qu'il sait apporter la tension, l'émotion nécessaire pour toucher son but.