A la fois humain, prenant, palpitant et poignant, bref, un pur produit Amblin comme seul Spielberg s

Lorsque l'on prend connaissance du synopsis et que l'on apprend que le film est adapté du roman éponyme (à succès) de Michael Murpugo (publié en 1982 et qui est devenu par la suite une pièce de théâtre couronnée de prix), on se pose pas mal de questions, car le roman est avant tout destiné à la famille (et donc aux enfants). Retrouver Steven Spielberg derrière un pareil projet (une histoire d'amitié entre un adolescent et un cheval, sur fond de première Guerre Mondiale), cela avait de quoi à la fois déstabiliser et énormément intriguer. Steven Spielberg comme à son habitude, ne lésine devant rien, comme nous le prouve cette fresque grandeur nature (qui dépasse largement les 140 minutes) durant lesquelles on découvre une fabuleuse histoire entre un adolescent et un cheval, déchirée par une guerre au cours de laquelle, l'équidé passera de propriétaires en propriétaires (de la cavalerie anglaise, en passant par un éleveur Français avant d'atterrir sur le front aux côtés des Allemands). Ce qui nous surprend avant tout ici, c'est la facilité avec laquelle Steven Spielberg prend son temps pour installer les bases de son histoire, en prenant un grand soin à nous présenter les principaux protagonistes avant de réellement rentrer dans le vif du sujet. Tout au long du film (mais surtout au début et à la fin, lorsque l'histoire se situe dans le Devon), par le biais d'innombrables plans larges et grâce au talent du chef opérateur (Janusz Kaminski), Spielberg parvient à nous retranscrire des paysages de toute beauté (à couper le souffle !), jouant avec l'intensité de la lumière (avec les nuages) ou avec les couleurs (serait-ce un clin d'œil à Autant en emporte le vent - 1939 ?), on est sans cesse bluffé par le résultat (trop beau pour être crédible ?). Spielberg n'est pas avare en émotions, comme nous le prouve la B.O de John Williams qui insiste parfois sur certaines séquences pour amplifier les effets recherchés, mais le réalisateur est avant tout un conteur et n'ayant pas voulu modifier la trame ni le contenu du roman, on se retrouve devant une œuvre qui pourra sans doute en rebuter certains pour son trop plein de sentimentalisme (mais c'était à prévoir vu le script d'origine).
Si Spielberg fait un sans faute, tant au niveau de sa mise en scène qu'au niveau de sa direction artistique (où l'on retrouve dans les principaux rôles, Jeremy Irvine (qui partage le premier rôle aux côtés de Joey, le cheval), Peter Mullan, Emily Watson, Niels Arestrup (!), David Thewlis & Tom Hiddleston), on pourra cependant regretter (mais c'est une habitude de la part d'Hollywood), d'avoir privilégié la langue anglaise durant toute la durée du film (ainsi, les Français et les Allemands se retrouvent à parler entre-eux dans la langue de Shakespeare !!).
Ne nous leurrons pas, nous sommes face à un pur produit familial et qui plus est, distribué par Disney. Ici, aucune trace de sang (lors des scènes de batailles, nous sommes à mille lieues de Il faut sauver le soldat Ryan - 1998), on est vraiment devant une œuvre pleine de naïveté certes mais qui comblera amplement les attentes du grand public qui n'hésitera sans doute pas à verser une ou deux larmes. Tout ceci n'empêchant aucunement Cheval de guerre (2011) d'être une œuvre remarquable, une adaptation à la fois humaine, prenante, palpitante et poignante, bref, un pur produit Amblin comme seul Spielberg sait les faire, comme au bon vieux temps, pour le plus grand plaisir de ses admirateurs.

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RENGER

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