Mon Spielberg pour un cheval.

A la veille de la Première Guerre Mondiale, un robuste cheval, Joey, est réquisitionné par l'armée britannique pour servir dans le corps des cavaliers...
"Cheval de Guerre" est clairement un concentré de Spielberg, où le meilleur de son oeuvre côtoie le moins bon en abordant des thèmes chers mais qui n'ont pas tous forcément leur place au sein de ce récit bien encadré. A vrai dire, ce cheval est un film visuellement splendide. Des plaines lumineuses aux couchers de soleil au crépuscule en passant par les terres de combats mortuaires enrobés de brume, l'épopée de l'animal ne laisse pas la rétine se reposer. Magnifiée par la caméra de Spielberg, cette odyssée reste pourtant assez inégale. Outre l'impressionnant casting, une fois de plus, "Cheval de Guerre" fonctionne comme une succession de situations, d'évènements mettant en scène Joey, le cheval aventurier. Forcément, tout n'est pas à garder. Quand l'amour de deux frères l'un pour l'autre est trop vite expédié, les tourments et la crainte du premier propriétaire de Joey sont d'une intensité délicatement soignée. Pour un gardien de chevaux allemand qui n'intéresse qui ne retient que peu l'attention, on préfère le quotidien d'un grand-père formidablement campé par Niels Arestrup avec sa petite-fille, scène liée à la fin du film, qui fera rebondir l'émotion. Enfin, pour une belle scène d'humanité où deux soldats opposés libèrent Joey, précédée par une grande bataille joliment orchestrée, on trouve bien trop guimauve tout de même les retrouvailles entre Albert et son cheval tout espéré. Alors que finalement, le film finit d'une manière logique et émouvante, comme il a commencé : dans l'enthousiasme.
Le spectacle est remarquable. La fresque est immense. Mais à force d'étirer la chose, le romanesque s'essouffle au profit d'un conte un peu trop futile. Reste que le talent de Spielberg à raconter des histoires est intact. Juste qu'il est à prendre ou à laisser.