Il faut avouer que le film de Lucas Belvaux, à deux mois des présidentielles, ne passe pas inaperçu et j'ai l'impression que les critiques s'emportent sans vraiment essayer de comprendre le sujet, mettant tout de suite les termes de "propagande" et "humiliation aux habitant du Nord" sur le tapis... J'ai tenté d'être le plus neutre possible et de voir l’intérêt cinématographique de Chez nous sans me laisser déborder par la massue politique dont il fait l'objet. Car oui, Chez nous est un film politique, donc il est risqué, et en cela je crois que c'est un film qui mérite qu'on s'y penche sans s'offusquer dès la bande-annonce comme ont pu le faire beaucoup de partisans du FN... La force de ce film, c'est qu'il ne nous soumet pas un point de vue ! Avec habileté dans des dialogues très bien écrit, on assiste autant à la répugnance et au dégoût d'appartenir à un parti politique extrémiste qu'à des paroles lucides ou emportées de gens déterminés, qui ont envie de changement pour une sécurité optimale dans leur pays. Ce n'est pas un cinéma totalitaire mais bel et bien un cinéma démocratique que propose le réalisateur, son point de vue n'est pas absent mais il raconte cette histoire avec assez de distance pour qu'on développe notre propre avis. Les acteurs sont très performants car il parait évident qu'ils campent des rôles qui vont à l'encontre de leur conviction (rares sont les acteurs qui votent FN, ou alors c'est qu'ils n'ont pas d'empathie, et dans ce cas là, ce sont des mauvais acteurs...), je pense surtout à Catherine Jacob, André Dussolier et Anne Marivin. Ils portent des propos forts et assumés et ne jugent pas leurs personnages. Je n'ai pas vu en Chez Nous un film qui choque ou un film de propagande. J'ai plutôt vu un film qui parle d'embrigadement des consciences politiques égarées et je me suis même dit dans la première partie du film que cela pourrait s'attribuer à n'importe quel parti politique, pas uniquement celui d'extrême droite. J'ai eu personnellement un peu plus de mal avec le personnages incarné par Guillaume Gouix qui joue un rebelle qui salit l'image de la future députée incarnée par Emilie Dequenne. Cette dernière est simple, pure, sans avis politique précis, et se laisse embrigader dans un parti où les mots et formes donnent envie et rendent possible un monde meilleur. Sans en faire des caisses et sans rentrer dans les clichés (bon, je trouve qu'on aurait pu éviter la perruque blonde à Catherine Jacob...), Chez nous établit cinématographiquement la puissance qu'a un parti extrême sur des gens qui n'ont pas d'avis. Il y a des scènes fortes et poignantes où les convictions politiques s'enveniment, mais il y a aussi l'humanisation de ce parti, sans faire passer ses partisans pour des monstres (bien qu'Anne Marivin et André Dussolier sont totalement inquiétants à certains moment...). Cinématographiquement, le film n'a pas un intérêt fou mais pour son propos, il affirme en chacun ses convictions, qu'on soit d'accord ou non, et nous montre bien que la politique est avant tout une histoire de manipulation...

alsacienparisien
7

Créée

le 26 févr. 2017

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