Évacuons tout de suite les points faibles du film et souvent inhérents à ce type de fiction prenant appui sur période actuelle. La première, et la plus flagrante était sans doute, étant la représentation trop simpliste et stéréotypée du leader (à perruque ?) incarnée par une Catherine Jacob jamais convaincante voire carrément mauvaise au moment des discours. Bref, on n’y croit peu d’autant que le récit semble par moment un peu téléphoné avec notamment le personnage de Stanko / Guillaume Gouix, certes complexe et faisant référence à une réalité, mais peut-être un peu trop chargé et dont la place dans le scénario n’est pas forcément judicieuse.
Pour le reste, Belvaux fait mouche, soulignant avec force les représentations du parti d’extrême droite dans le paysage sociale français. La manipulation, le sémantique, les éléments de langage, la propagande, l’importance des réseaux sociaux, la façon avec laquelle on séduit ou on retourne les gens en douceur… tout est dit ou clairement suggéré dans le film.


L’autre point fort est d’avoir su éviter tout manichéisme avec des personnages qui sont loin d’être des idiots ou des bas du front, bassement extrémistes et qui, pour certains, comme Pauline, vont basculer tout doucement, sans s’en rendre compte, sous l’influence de gens bienveillants et calculateurs profitant du désarroi, de l’ignorance générale.
Belvaux nous dresse alors une galerie de portraits, de gens comme vous et moi, dont on a tous, un jour, entendu les phrases exprimant une forme de ras le bol, une envie de changements, prêt à tous les amalgames et à tout les raccourcis pour croire que leur vie va changer. Il donne aussi la parole aux victimes, à celles qui suibissent, dans quelques scènes assez fortes, notamment entre Pauline et son père ou entre Pauline et la femme maghrébine et sa jeune fille auxquelles Pauline rend visite chaque jour.


Chez nous n’est peut-être pas un grand film politique, on pourra lui reprocher ce qu’on reproche parfois aux films de Ken Loach, mais il a le mérite de prendre le pouls de notre époque aussi tourmentée soit-elle, d’évoquer une réalité de plus en plus pressante et d’interroger le spectateur. > www.hop-blog.fr

BenoitRichard
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le 26 févr. 2017

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Ben Ric

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