Trop caricatural, pas assez bien joué

On aurait aimé que ce film soit implacable envers un parti qui est aux portes du pouvoir, on aurait aimé qu'il prenne de la hauteur, qu'il n'ait pas le nez contre la vitre. Il sort en pleine campagne électorale et on a l'impression qu'il a été fait dans la précipitation, pas toujours très bien joué, à commencer par celle qui se veut être la Marine, remarquable dans la caricatural.
Emilie Dequenne est assez bonne, comme la plupart du temps, mais cette infirmière à domicile, fille d'un père communiste, dans une cité ouvrière du Nord, tombe un peu trop facilement dans le panneau de ce parti nationaliste, draguée qu'elle est par le médecin notable du coin, joué par André Dussollier.
Avec du recul, en soulignant les personnages avec moins de gros traits, en laissant de côté les stéréotypes pour se plonger dans l’ambiguïté d'un programme et des êtres humains il y avait de quoi faire un film référence. L'esthétique visuelle penche aussi trop vers le (mauvais) téléfilm ce qui est navrant pour Lucas Belvaux, auteur pourtant de très beaux films. Autre problème, ce film devrait être vu par ceux qui sont prêts à voter plutôt que par les personnes déjà convaincues du côté nauséabond du Bloc identitaire, entendez le Front national. Mais cela ne risque pas d'arriver.